"Le Chat" fait partie de la première des six sections, intitulée "Spleen et Idéal", qui constitue une sorte de forme d'exposition au recueil les Fleurs du Mal (c'est le constat du monde réel tel que le perçoit le poète) et s'inscrit donc dans le cycle de ceux dédiés à la première, celle qu'il surnommait sa « Vénus noire », mulâtresse originaire de Saint Domingue, avec qui il entretiendra une liaison sans cesse rompue et renouée. Plusieurs pièces du recueil sont influencées par cet animal et en porte le titre, vantant sa puissance et sa beauté ou encore l'assimilant à un objet érotique. Celui-ci établit une passerelle entre le chat et la femme. Numéroté XXXIII dans l'édition de 1857, il suit la structure traditionnelle du sonnet marotique : il fait se succéder deux quatrains et deux tercets, mais opère un bouleversement dans la structure des vers et des rimes. L'alternance décasyllabe / octosyllabe, parallèlement à l'éclatement partiel du schéma rimique (classique : ABBA ABBA CDCDCC ; ici : ABAB CDCD EFEFGG), en font un texte particulier, entre héritage et innovation.
I- Une métaphore de la femme
On sait que pour Baudelaire, l'image du chat est étroitement liée à celle de la femme. Dominé par l'allégorie de la femme, ce sonnet supporte un éloge de cet animal domestique largement abordé par la littérature, apprécié pour sa grâce et sa noblesse qui l'éloignent de la vulgarité.
a- Une évocation humaine du chat : les quatrains
L'animal
À partir du titre "Le Chat", le terme va servir d'hyperthème au processus descriptif : les griffes de ta patte (vers 2), tes beaux yeux (vers 3), ton dos élastique (vers 6), ton corps électrique (vers 8). Le verbe caressent (vers 5) renvoie à l'affection de l'homme pour l'animal. La construction du poème se fait à partir de ces éléments se référant à l'animal lui-même, mis en valeur à chaque reprise en fin de vers (...)
[...] Baudelaire utilise la tradition poétique dans une perspective moderne. Une porte ouverte vers l'Idéal Traditionnellement, le chat a pu être considéré comme une représentation du Diable sur Terre, et souvent le signe d'un malheur. Ici, Baudelaire mêle cette dimension avec une perspective érotique marquée, la tradition poétique lui permettant de l'assimiler à la femme dans sa sensualité. Finalement, ce sonnet est une porte ouverte vers l'Idéal et renseigne sur les possibilités données au poète pour y accéder. L'allégorie et les métaphores sont le moyen par excellence de création du monde et d'ascension vers l'Idéal. [...]
[...] Une métaphore de la femme On sait que pour Baudelaire, l'image du chat est étroitement liée à celle de la femme. Dominé par l'allégorie de la femme, ce sonnet supporte un éloge de cet animal domestique largement abordé par la littérature, apprécié pour sa grâce et sa noblesse qui l'éloignent de la vulgarité. Une évocation humaine du chat : les quatrains L'animal À partir du titre Le Chat, le terme va servir d'hyperthème au processus descriptif : les griffes de ta patte (vers tes beaux yeux (vers ton dos élastique (vers ton corps électrique (vers 8). [...]
[...] Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Le Chat (XXXIII) ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Recueil poétique de Charles Baudelaire (1821-1867), Les Fleurs du Mal fut publié à Paris en 1857. Il donna lieu à un procès en août 1857 pour outrage à la morale religieuse ainsi qu'à la morale publique et aux bonnes mœurs Le poète fut condamné à 300 francs d'amende et à la suppression de six poèmes (qui seront publiés dans le Parnasse satyrique du 19ème siècle, à Bruxelles, en 1864, avant d'être repris avec d'autres pièces de circonstance dans Les Épaves). [...]
[...] L'humanisation du chat Dans ce poème, le chat est comparé à la femme : son regard / Comme le tien (vers 9-10). La locution comparatrice est rejetée au vers suivant par un phénomène de contre-rejet, où le verbe de la principale est isolé en fin de vers. Ainsi, hormis les expressions de l'incise mon beau chat (vers et les griffes de ta patte (vers qui se trouvent donc en début de poème, progressivement le chat devient femme : - l'impératif qui ouvre le poème (Viens) peut s'appliquer autant à l'animal qu'à la femme - les termes se référant en premier lieu au corps du chat peuvent très bien s'appliquer à celui de la femme. [...]
[...] La modernité de l'auteur réside dans cet usage si particulier de l'allégorie : chez lui, elle n'est pas que prétexte à faire figurer dans l'espace textuel des grandes figures représentatives de la Poésie elle a également une fonction hygiénique, presque de salut : c'est à travers elle, et donc de l'image, que le poème convoque un monde rêvé et autorise les fantasmes du poète. Conclusion Ce poème met particulièrement en valeur le paradoxe baudelairien où un animal introverti et casanier devient le médiateur et l'emblème d'un penchant vers l'Idéal. En cela, Baudelaire est un précurseur du symbolisme. Le symbole est justement cet objet qui a pour particularité de mettre en rapports deux éléments différents du monde et de créer à partir de là une nouvelle réalité. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture