Le roman de Chrétien de Troyes, Lancelot ou le chevalier de la charrette, prend pour matière l'enlèvement de la reine Guenièvre par Méléagant, qui la tient prisonnière au royaume de Gorre, qu'on appelle également « l'autre-monde », et qui est coupé de la terre ferme par deux ponts : le Pont sous l'eau, que Gauvain tentera d'emprunter sans y parvenir, et le Pont de l'Epée, qui n'empêchera pas l'anonyme Chevalier de la charrette de pénétrer dans le royaume de son rival. Le roman, qui appartient au genre courtois, succède à une longue tradition d'œuvres épiques provenant des chansons de geste, dont la plus connue reste la Chanson de Roland. Se référant aux mœurs des grandes cours royales, le roman courtois véhicule un idéal plus raffiné et élégant, dans lequel l'amour et la femme occupent une place centrale. Le passage des vers 3634 à 3757, qui relate le premier combat entre Méléagant et Lancelot – nommé ici pour la première fois – intervient peu après l'entrée du héros éponyme dans l'autre-monde, et permet de se demander dans quelle mesure le récit de ce combat fait prendre à Lancelot toute sa dimension de chevalier d'un ordre nouveau.
[...] Lancelot ou le chevalier de la charrette, v. 3634-3757 - Chrétien de Troyes Le roman de Chrétien de Troyes, Lancelot ou le chevalier de la charrette, prend pour matière l'enlèvement de la reine Guenièvre par Méléagant, qui la tient prisonnière au royaume de Gorre, qu'on appelle également l'autre- monde et qui est coupé de la terre ferme par deux ponts : le Pont sous l'eau, que Gauvain tentera d'emprunter sans y parvenir, et le Pont de l'Epée, qui n'empêchera pas l'anonyme Chevalier de la charrette de pénétrer dans le royaume de son rival. [...]
[...] En effet, il y a tout d'abord la demoiselle anonyme, qui tient ici le rôle d'adjuvant, et qui est caractérisée par son intelligence une demoiselle très sensée (v.3641- 42)). C'est cette dernière qui permet à Lancelot de voir la reine, et de lui faire ainsi prendre le dessus sur Méléagant. Mais la figure féminine centrale du passage est bien Guenièvre, qui est omniprésente dans tout le passage, même si elle ne prend la parole que pour révéler pour la première fois l'identité du chevalier de la charrette : Ce chevalier, autant que je sache, s'appelle Lancelot du Lac (v.3658). [...]
[...] Lancelot est également décrit comme un chevalier rapide fut prompt à se retourner (v.3671-72)), qui maîtrise son adversaire, le men[ant] ici et là à son gré (v.3748). L'autre élément essentiel qui caractérise Lancelot dans ce passage, et qui correspond parfaitement à l'idéal chevaleresque, est son sens de l'honneur. En effet, lorsque Lancelot réalise qu'il combat de manière désordonnée trop occupé à la contemplation de sa dame on le voit en proie à la honte : il s'en veut à mort d'avoir eu trop longtemps, il en est conscient, le dessous dans la bataille (v.3706-07). [...]
[...] Ainsi, le chevalier acquiert un nouveau statut, celui de fin'amant. En effet, Lancelot apparaît comme fou amoureux, tirant d'ailleurs sa force de cet amour qui lui permet de se perfectionner en tant que chevalier et d'atteindre sa dame, qui pour l'instant reste inaccessible, puisqu'elle se trouve aux fenêtres du donjon (v.3641), image qui insiste par ailleurs sur la hiérarchie sociale entre les personnages : Guenièvre étant la reine, elle est socialement supérieure à Lancelot, c'est pourquoi elle le domine du haut de la tour. [...]
[...] Ici, c'est Lancelot et Méléagant qui se combattent, et de l'issue du combat dépend le sort de la reine mais aussi des habitants du royaume de Logres, retenus prisonniers dans l'autre-monde. Le thème du duel est présent dans le texte par le vocabulaire du combat, et les nombreux verbes d'actions qui s'y reflètent. Il est question de coups de boucliers (v.3717-18), de se rue[r] (v.3717), de bouscule[r] (v.3718), de fai[re] chanceler (v.3720-21), ou encore de frapper (v.3740). Les qualités guerrières de Lancelot sont d'ailleurs d'autre part mises en avant, notamment par la demoiselle anonyme, qui soutient Lancelot dans sa tâche : je ne pense pas que Dieu ait jamais créé un chevalier qui puisse comparer sa valeur et sa renommée à la tienne ! [...]
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