Ainsi, Bendico est sans conteste le fer de lance de ce récit car, bien qu'absent la majeure partie de l'action, il occupe des positions clefs, principalement auprès du Prince de Corbera : incarnation de la fougue de ses jeunes années, traduction de ses sentiments profonds mais plus encore il semble se substituer à l'emblème guépardesque pour incarner enfin, par sa seule existence, toute l'Histoire de la famille Salina, comme le suggère la scène qui clôt le récit (...)
[...] Contrairement au chien passif d'Angelina à San Cono, Bendico qui hante le Prince juste avant sa mort représente un idéal. En effet, alors que Don Fabrizio se rend chez la prostituée Mariannina, il la compare à un Bendico en jupon de soie cette animalité, cette nouveauté dans la sexualité mais aussi cet éternel besoin de Don Fabrizio d'avoir des maîtresses, une présence pour combler le vide creusé par Stella. Sa relation se veut plus riche que celle de Paolo et son cheval et l'on pourra rappeler les nombreuses métaphores du récit pour caractériser les chiens. [...]
[...] Les autres danseurs présents au bal n'estiment pas Don Fabrizio car c'est un contemplatif, un homme plus occupé par la lecture et l'univers que par les faux semblants et les codes de l'époque. Particulièrement visible dans la scène du bal, cette caractéristique permet de mieux comprendre le personnage qui enrichit son quotidien par des images poétiques (les soucis sous la forme de fourmis par exemple) et explique son goût singulier pour l'astronomie : Don Fabrizio n'est presque plus humain et ce goût pour les inatteignables astres révèle ses attentes déçues mais aussi cette aspiration à plus . [...]
[...] Finalement, la figure de l'astronome incarne celle d'un homme se surpassant lui-même, oubliant les faux semblants de l'époque pour user de son esprit rationnel et conceptualiser la vie ainsi que la fin de tout sa propre mort. Tout d'abord, le Prince Salina se détache de la masse du Monde pour se distinguer par son goût pour l'art, pour les sciences. Enfin, on peut le comparer aux charognards présents au bal de Ponteleone et qui trouvent le Prince exubérant. En premier lieu, son goût pour l'astronomie traduit une âme sensible qui n'a que faire du faste environnant et bien qu'il soit coquet, propose avant tout une réflexion artistique et poétique puisqu'exaltée par le cosmos infini. [...]
[...] Les étoiles comme seul moyen de pleinement connaître la vie ? Cela suppose donc d'être raillé par ses pairs mais Don Fabrizio jouit de reconnaissance comme le suggère le prix délivré pour ses recherches, à Paris. Il a pleinement conscience de son faste ébréché et c'est pourquoi il est le seul à réellement constater les signes qui prédisent une lente décadence avec l'image de la pierre qui roule et dévale le temps comme lui. Finalement, Don Fabrizio pourrait étonnement répondre à un critère romantique : la vision d'une nature sublime, à la fois effrayante car elle le dépasse, mais aussi refuge en cas de peine comme le prouve son regard lancé aux étoiles après le dîner où étaient conviés les Sedara : il voit une figure grimaçante du Maire de Donnafugata s'y dessiner. [...]
[...] La future princesse Falconeri est accueillie dans l'émotion générale mais Bendico est le seul à grogner, traduisant sans doute la rage de Concetta qui éprouve toujours des sentiments pour son cousin. De même, lorsque Tancredi aussi sale qu'un chien pénètre dans la pièce, Bendico court à en perdre haleine, emporté par le flot de joie des membres de la famille. À nouveau, quand Don Fabrizio part à la chasse avec Don Ciccio Tumeo et Teresina, il retrouve en son animal, la fougue et la sauvagerie qui l'anime lui-aussi alors qu'il lance de joyeuses détonations Dans l'avant dernière partie, Don Fabrizio se remémore les moments frappants de son existence, ses paillettes dorées Bendico en fait partie et semble encore vivant au moribond puisqu'il pense que l'animal, mort depuis plus de dix ans, le cherche dans le Palais. [...]
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