- dimension dramatique (évolution de l'intrigue) dernière "déchirure" de la mère biologique par cette mise au ban effective de la société et du monde des vivants : suite logique et sans surprise = mise à mort
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[...] On te pousse dans une salle sombre et nauséabonde [ . = privation violente (presque un viol) de tout ce qui peut constituer l'identité d'une personne : vêtements = impact social et élément visible personnalité / cheveux pour une femme = attribut féminité (penser aux femmes tondues pour avoir eu des rapports sexuels avec des allemands : stigmatiser la faute humiliation, annihilation) / alliance = plus de mari et perd sa place dans la société Voir également les désignations de ces malades : ceux-ci ceux et celles qui y entrent = les démonstratifs ou les périphrases mettent en évidence le mépris odieux de la société à l'égard de ces aliénés (au sens d'étrangers) mais également la perte d'identité, l'anonymat total dans lequel ils sont plongés : ils ne sont pas traités comme des êtres humains dignes de ce nom - animalisation« Certains n'ont même pas un lit > croupissent sur la paille tels des animaux dans une grange ! [...]
[...] le poids de la fatalité p 81 tu te retournes pour t'enfuir mais la porte claque» / p 82 acculée à cette situation sans issue : syllepse (double sens) car au sens propre elle est face aux murs d'une prison / au sens figuré car les malades ont peu de chances de s'en sortir (acculer signifie mettre dans l'impossibilité de se soustraire à une situation fâcheuse : elle est au pied du mur, elle ne peut plus reculer ni avancer sauf vers sa mort) : l'euphémisme est clair (peu de chances), elle est condamnée citation de la Bible en fin de passage Faisant dévier mes chemins / il m'a déchiré / et il a fait de moi un horreur = extrait de la Bible de Jérusalem, Lamentations, chapitre 3-11 sens de la citation = tentative de fuite par une voie détournée (le suicide mais en vain : dans la religion chrétienne, le suicide est un péché mortel ; les suicidés ont longtemps été enterrés aux carrefours (les calvaires que vous voyez en campagne sont souvent des lieux de sépultures cf p 81 Comme jetée au fond d'une fosse et ils sont damnés pour l'éternité : ici sa damnation prend la forme d'un emprisonnement dans un HP cf p 81 les crucifiés de l'interminable souffrance issue inéluctable à laquelle la jeune femme est promise (isolement définitif et mort) : poids de la fatalité car son destin est en marche depuis bien trop longtemps pour qu'elle puisse être sauvée Conclusion Passage déchirant : - dimension dramatique (évolution de l'intrigue) dernière déchirure de la mère biologique par cette mise au ban effective de la société et du monde des vivants : suite logique et sans surprise = mise à mort - dimension politique et métaphysique : manière dont sont traiter les malades = révoltant : sous couvert d'absence de traitement ou d'ignorance, on traite ses semblables comme une sous-humanité, mais qui sont réellement les ‘sous-humains ? où se situe réellement la folie ? [...]
[...] Les hurlements. / Le grondement sourd des sabots - Visuel : le va-et-vient - Olfactif : croupissent : évocation décomposition Il s'agit d'impliquer le lecteur comme s'il y était réellement et ainsi faire comprendre l'horreur qui règne dans ces lieux qui font véritablement office de purgatoire II) Grandeur et décadence des hôpitaux Impuissance de l'humanité médecins ignorants = presque un oxymore : n'ont pas à leur disposition des médicaments sous-entend peut-être que les moyens de soigner ces malades mentaux leur étaient refusés cf absence de tout traitement = purement et simplement séquestrés : le lien de cause à effet est volontairement effacé (juxtaposition) comme pour mettre en valeur le fait que les pouvoirs publics ont pris une décision expéditive sans chercher véritablement d'autres moyens (cf les 2 adverbes purement et simplement Crime de l'humanité - Déshumanisation des malades cf p 80 on te retire ton alliance, tes vêtements, on te tond, et on te remet des sabots ainsi qu'une robe de drap brun informe au dos de laquelle sont imprimées à l'encre noire les deux grandes lettres HP. [...]
[...] Barreaux. Lourdes portes verrouillées : phrases réduites à des groupes nominaux redondants, style lapidaire et rythme ternaire GN) qui peuvent mimer la violence de cette situation, la déshumanisation corollaire de l'enfermement (le GN désignent des objets métalliques de surcroît = froideur / absence de toute trace humaine, pas de parole) et l'oppression (image de l'étau, du carcan) camisolés = (métonymie) camisoles de force liberté de mouvement dont les prisonniers sont déjà privés ie double enfermement d'un mur à l'autre comme un lion en cage Mise en scène de la prison Jeu sur l'imagination du lecteur : sollicitation différents sens - Auditif : Les gémissements. [...]
[...] Le grondement sourd des sabots engendrés par les va-et-vient de certaines agitées qui ne cessent de marcher : grondement évoque un animal qui s'impatiente, qui a peur ou éventuellement qui est en danger (par métonymie ou synesthésie) sabots évoque un cheval, sauvage ici Les gémissements. Les cris. Les hurlements : parataxe et phrases lapidaires + rythme ternaire et redondance = mimétisme folie, vertige mais aussi cette animalisation forcée puisque ces malades ne s'expriment plus par la parole mais tels des animaux (hurlement = loup) III) la tragédie de la déchirure : 5ème et dernier acte enfermement multiple prison intérieure : p 81 déclares que tu n'as rien à dire, t'enfermes dans un mutisme 82 tu t'es murée en toi-même isolement par rapport à son entourage : son mari hésite à reconnaître image de l'HP, une prison + camisolés : double enfermement car la prison prive de liberté et la camisole annihile tout mouvement les fous sont déjà emprisonnés en eux-mêmes ! [...]
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