Perrette, dont nous connaissons tous encore la postérité aujourd'hui, est le personnage principal de cette fable, qui s'ouvre sur l'image d'une jeune femme soignée et organisée : "Bien posé sur un coussinet". L'impression qui ressort d'elle est celle d'une grande réactivité et d'un tempérament joyeux, léger et sautillant, ce qui est bien illustré par les assonances en [e] et les allitérations en [t] dès le premier vers.
De plus, Perrette est volontaire et déterminée, car elle avance "à grands pas". En fait, pour nous comme pour la Fontaine, la laitière est un personnage très sympathique. Le fabuliste nous rejoint sur ce point, puisqu'il utilise un possessif commun pour la désigner, écrivant "notre laitière".
Toutefois, il ne faut pas céder à cette image d'Epinal, car Perrette est loin d'être une jeune fille écervelée. En effet, un second portrait fait suite à cette première partie de la fable, dans lequel La Fontaine nous livre de nouveaux éléments : Perrette est réaliste, car ses pensées vont vers des questions de prix, d'achat, de vente... donc des éléments financiers. Loin de se cantonner au rôle d'épouse de paysan, et bien qu'il lui soit supérieur puisqu'il peut apparemment la battre physiquement, elle est capable d'anticiper par elle-même.
(...) Les rêves de Perrette vont être confrontés à la réalité. Le basculement de l'un vers l'autre est exprimé par le passage des alexandrins à des octosyllabes.
A force de rêver, Perrette s'enthousiasme tellement en avance qu'elle finit par être "transportée", ce qui est une terminologie très forte en matière d'exaltation (on retrouve d'ailleurs ce terme dans le domaine amoureux) (...)
[...] Picrochole, Pyrrhus, la Laitière, enfin tous, Autant les sages que les fous ? Chacun songe en veillant, il n'est rien de plus doux : Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes : Tout le bien du monde est à nous, Tous les honneurs, toutes les femmes. Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi ; Je m'écarte, je vais détrôner le Sophi ; On m'élit roi, mon peuple m'aime ; Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant : Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ; Je suis gros Jean comme devant. [...]
[...] Mais, dès les vers 22 et 23, la fable prend une toute autre tournure. Désormais en effet, Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée ; Ce n'est pas pour rien, d'ailleurs, que ce vers est resté extrêmement célèbre. Dès lors, le fabuliste utilise du présent de narration pour exprimer la déconvenue de Perrette, déception dans laquelle il nous entraîne, après nous avoir fait sympathiser avec son personnage. En réalité, La Fontaine a beau se moquer avec tendresse de son personnage, il n'en reste pas moins aussi déçu qu'elle d'ailleurs, le mot couvée exprime ce lien tout particulier qui s'est créé entre l'écrivain, son personnage et le lecteur. [...]
[...] Loin de se cantonner au rôle d'épouse de paysan, et bien qu'il lui soit supérieur puisqu'il peut apparemment la battre physiquement, elle est capable d'anticiper par elle-même. Perrette est de plus dotée d'un tempérament de rêveuse, ce qui risque de lui jouer des tours. Son imagination connaît peu de limites, et elle s'amuse d'ailleurs à peindre des tableaux dans son esprit. II/ Un brusque retour à la réalité Les rêves de Perrette vont être confrontés à la réalité. Le basculement de l'un vers l'autre est exprimé par le passage des alexandrins à des octosyllabes. [...]
[...] La Fontaine, Fables La laitière et le pot au lait (VII-XI) Introduction Le poète, romancier et fabuliste Jean de La Fontaine (1621-1695) est connu pour ses fables à l'aspect didactique et philosophique. La laitière et le pot au lait appartient à cette tradition de cours récits illustrant une morale, qui cherchent à instruire tout en divertissant le lecteur. C'est en se souvenant de son passage dans le monde rural que La Fontaine a écrit cette fable. Elle constitue une sorte de tableau du monde rustique, présentant une jeune laitière pour qui le fabuliste éprouve une véritable sympathie, voire de la tendresse. [...]
[...] La fable nous permettrait de réfléchir sur la vanité des rois et l'illusion de leur position, cette dernière étant presque contre-nature. La Fontaine semble à cet instant précis ne plus craindre la censure, puisqu'il écrit, alors que nous sommes encore au 17e siècle : On m'élit roi Conclusion Cette fable est restée célèbre pour quelques uns de ces vers, et pour le personnage de Perrette, qui sert aujourd'hui encore dans des annonces publicitaires Mais c'est surtout pour l'ode à l'imagination et au rêve qu'il faut retenir la particularité de cette fable, même si l'imaginaire y est parfois présenté comme une chimère. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture