La littérature des Lais est très modeste, elle compte environ 35 œuvres. Ce sont des récits brefs, écrits pour la plupart entre le 12e et le 13e siècle. Les Lais de Marie de France ont été composés entre 1160 et 1175, elle est une des rares à signer ce qu'elle écrit, car elle assume sa responsabilité d'auteur et protège son œuvre du vol. Dans sa forme, Le lai pourrait être comparé au « fabliau » (diminutif de fable, dérivé de fabula). Les fabliaux sont des contes en vers (le plus souvent en octosyllabes, rimant deux à deux) qui ont eu au Moyen âge, en France, un grand succès. Il peut s'apparenter aussi à une sorte de « nouvelle » (même si le terme n'existe pas encore au Moyen-âge) car c'est un récit bref où les personnages sont peu nombreux et où la fin est souvent inattendue. En effet un genre littéraire semble difficile à définir. Si on se tient à la définition de Christine Martineau-Génieys, dans une étude du lai du Chèvrefeuille, qui rappelle qu'une œuvre littéraire « pour se tenir en quelque sorte toute seule […], il faut que sa cohérence interne soit parfaite, et cette cohérence, seul l'enchainement rigoureux des détails dans l'esprit de l'artiste est capable de la donner à son œuvre ».
Alors peut-on définir le lai comme un genre à part entière, malgré ses ressemblances à d'autres genres ? S'il y a unité y a-t-il genre ?
[...] On peut donc parler de morale universelle, renforcée par la symbolique : L'herméneutique (interprétation des signes, de leur valeur symbolique). On cherche l'universalité qui se cache derrière des situations encrées dans la période médiévale. La mise en écriture est efficace car elle rencontre un public, donc un horizon d'attente, et c'est le même horizon d'attente pour nous lecteurs car nous avons la même culture (le bien gagne et le mal perd, toujours d'actualité dans les contes pour enfants). Chez Marie de France lai signifie des sources bretonnes auxquelles on ajoute les propres créations de l'auteur. [...]
[...] Il n'y a pas de sujet unique car on trouve parfois plusieurs dénouements, parfois peu d'événements et seule la moitié des Lais est féérique. Enfin, malgré ces incohérences, nous constatons une certaine unité des Lais dans la symbolique, les thèmes abordés pour faire passer un message universel, ce qui pourrait nous permettre d'asseoir le lai comme genre. Les Lais sont basés sur de nombreuses références bibliques ou mythologiques. Dans les références bibliques, celle qui domine est la référence au chiffre chiffre de Dieu et symbole de stabilité, qui est représenté par l'amour triangle ou la trinité (Père, Fils, Saint-Esprit). [...]
[...] Sur les douze Lais, huit ont des titres éponymes, ce qui renforce l'image du personnage principal. A travers ces personnages, Marie de France montre une généralité pour que le lecteur s'en serve comme un exemple à retenir. On élabore plutôt un topos qu'un personnage : ce sont des personnages protatiques : ce qui est important c'est ce à quoi ils servent dans l'histoire. Aussi la plupart des personnages garde le même physique du début à la fin car on part déjà des canons de beauté médiévaux (blancheur du teint, cheveux blonds, bouche rouge) donc c'est difficile d'aller au-delà. [...]
[...] Mais certains noms ne sont pas réels, notamment dans les Lais féériques comme Lanval ou Le Bisclavret. Seul le Chèvrefeuille échappe à la tradition bretonne mais on retrouve tout de même des éléments de Grande Bretagne comme En Suhtwales u il fu nez ou En Cornuaille vait tut dreit L'élément breton, de petite ou de grande Bretagne est donc présent dans tous les Lais, ce qui fait leur unité. Le schéma narratif est aussi commun aux douze Lais, c'est un schéma narratif linéaire. [...]
[...] Certains rois sont plus importants que d'autres qui restent au second plan, on le voit dans le Bisclavret où le Roi parvient à prendre de l'importance en accueillant le Bisclavret et en abusant de son pouvoir. Aussi dans certains Lais les femmes sont plus importantes que les hommes (dans Lanval, Le Bisclavret). On remarque aussi que le héros peut aussi être une héroïne (dans Guigemar, Equitan, Bisclavret, Lanval, Milon et Yonec), Marie de France utilise toutes les possibilités possibles pour varier ces Lais. De même que chaque personnage est différent, chaque histoire racontée est différente. [...]
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