Mlle de Chartres, personnage principal du roman de Mme de Lafayette publié en 1678, vient d'épouser M. de Clèves pour lequel elle ne ressent aucune inclination. Seules l'amitié et la reconnaissance l'ont conduite à lier son destin à celui de ce grand seigneur de la cour d'Henri II. Ce roi s'apprêtant à fiancer sa seconde fille, un grand bal au Louvre doit marquer l'événement. C'est au cours de ce bal que le coeur de Mme de Clèves, déjà préparé par l'effet de la rumeur flatteuse qui a précédé M. de Nemours, subit une émotion au retentissement considérable... et réciproque.
Cette scène décisive du roman nous apparaît sous trois aspects. La rencontre s'effectue dans un climat de magnificence et de magie proche de l'univers féerique des contes. On y sent cependant l'effet d'une logique en marche, ce qui confère à cette page, assez austère, le caractère inattendu d'une sorte de procès-verbal. Enfin, il est indéniable que cette rencontre fatale est extrêmement théâtrale. Examinons donc le texte à partir de ces trois points de vue.
Justification du plan
Le plan adopté : féerie, déterminisme psychologique, théâtre, nous a paru le plus propre à rendre compte de la complexité de la page. Partant d'une impression première (le grand monde), on en vient à la manipulation théâtrale de la rencontre par les têtes couronnées, en passant par la reconstitution d'un processus psychologique (notamment perceptible par l'emploi des tours consécutifs). L'autre plan possible, (Mme de Clèves, M. de Nemours, le public), conduisait à des redites.
I. Un univers féerique
A. Richesse
La magnificence est présente tout au long de l'épisode ; elle se manifeste à la fois par la richesse de la parure des deux personnages - "elle passa tout le jour... à se parer" ... "le soin qu'il avait pris de se parer" ... "l'air brillant" - et par ce qui est sous-entendu par ces expressions, c'est-à-dire les ressources et la disponibilité de ces êtres exceptionnels (...)
[...] Des vedettes Ces deux personnages, en outre, évincent tous les autres, et l'on peut dire qu'ils occupent toute la scène que quitte vite un M. de Guise surclassé. L'ensemble du bal devient un public, comme l'atteste l'effet produit par l'arrivée de Mme de Clèves : l'on admira sa beauté et sa parure L'effet est le même quand les deux acteurs dansent : il s'éleva dans la salle un murmure . Involontairement donc, les deux héros se donnent en spectacle, satisfaisant l'appétit romanesque du public. [...]
[...] Conclusion partielle et transition Il y a donc dans la présentation de cette scène, extrêmement lacunaire, création d'une atmosphère étrange et même irréelle. Cependant il semble que Mme de Lafayette ait compliqué les choses ; son récit, en effet, apparaît aussi comme une sorte de constat expérimental. Expliquons-nous sur ce point. II. Un constat expérimental A. Phrases brèves Ce qui peut nous autoriser à employer le terme de constat c'est la grande sobriété du style qui engendre un climat d'une certaine froideur. [...]
[...] Enfin, il est indéniable que cette rencontre fatale est extrêmement théâtrale. Examinons donc le texte à partir de ces trois points de vue. Justification du plan Le plan adopté : féerie, déterminisme psychologique, théâtre, nous a paru le plus propre à rendre compte de la complexité de la page. Partant d'une impression première (le grand monde), on en vient à la manipulation théâtrale de la rencontre par les têtes couronnées, en passant par la reconstitution d'un processus psychologique (notamment perceptible par l'emploi des tours consécutifs). [...]
[...] de Clèves pour lequel elle ne ressent aucune inclination. Seules l'amitié et la reconnaissance l'ont conduite à lier son destin à celui de ce grand seigneur de la cour d'Henri II. Ce roi s'apprêtant à fiancer sa seconde fille, un grand bal au Louvre doit marquer l'événement. C'est au cours de ce bal que le cœur de Mme de Clèves, déjà préparé par l'effet de la rumeur flatteuse qui a précédé M. de Nemours, subit une émotion au retentissement considérable et réciproque. [...]
[...] de Nemours et Mme de Clèves soient des de acteurs, cela s'impose ne serait-ce qu'en raison du temps qu'ils ont passé l'un et l'autre dans leur loge pour se préparer. Il est même probable, en ce qui concerne au moins Mme de Clèves qu'elle a choisi son costume et son maquillage en fonction de la scène qui s'annonçait. En effet, au paragraphe précédent, il est fait mention de la curiosité et même de l'impatience de l'héroïne, à l'égard de M. de Nemours. B. [...]
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