Puisque, lorsque le lecteur arrive à la lettre 175, il ne connaît pas encore le sort de tous les protagonistes de l'histoire, il s'agit de l'informer. Retracer le sort de Mme de Merteuil occupe les six premiers paragraphes de la lettre. L'importance accordée à cette évocation se manifeste par la place dans la lettre et le fait que ce sort soit envisagé en premier (...)
[...] La famille doit s'assembler demain pour voir à prendre des arrangements avec les créanciers. Quoique parente bien éloignée, j'ai offert d'y concourir: mais je ne me trouverai pas à cette assemblée, devant assister à une cérémonie plus triste encore. Ma fille prend demain l'habit de Postulante. J'espère que vous n'oubliez pas, ma chère amie, que dans ce grand sacrifice que je fais, je n'ai d'autre motif, pour m'y croire obligée, que le silence que vous avez gardé vis- à-vis de moi. [...]
[...] Le sort de la marquise est jugé et commenté par ceux qui l'ont vue agir. Mme de Volanges informe la destinataire de la lettre, ainsi que le lecteur par la même occasion, de la nature du châtiment et des sentiments qu'il suscite. L'indignation et la pitié dominent, sentiments que l'on retrouve à la fin d'une tragédie. C'est ce double sentiment qui est reflété par la méchanceté prononcée à son sujet : la formule son âme était sur sa figure traduit le retournement intérieur/extérieur qui fait de l'apparence pitoyable la représentation symbolique d'une perversité d'âme capable d'inspirer l'horreur et l'indignation. [...]
[...] La perversité de ses stratégies libertines et sa malhonnêteté entraînent sa chute. Les détails de la lettre montrent les domaines dans lesquels elle a manifesté ses talents destructeurs et insistent sur l'état de solitude totale dans lequel elle se trouve : seule aucun d'eux n'a voulu la suivre Cécile, devenue libertine et corrompue, est elle aussi socialement exclue et entre au couvent pour mettre un terme à tous les dérèglements de sa vie. Quant à Danceny, solitaire et exilé, il quitte lui aussi la scène mondaine et libertine où l'a découvert le lecteur. [...]
[...] Elle propose à Valmont le modèle d'une lettre de rupture qu'elle sait être fatale à la sensible Mme de Tourvel. Valmont s'exécute, et la présidente, au désespoir, sombre dans la folie (lettre CXLVII). Mais la perfide marquise passe avec Danceny la nuit d'amour qu'elle réservait à Valmont (lettre CXLVIII). Alors que celui-ci, soupçonnant une infidélité, demande des comptes, il reçoit une déclaration de guerre pour toute réponse (lettre CLIII). La marquise révèle à Danceny la corruption de Cécile. Danceny provoque le vicomte et le tue en duel. [...]
[...] Il est vrai que Mme de Volanges est elle-même indirectement punie. La morale du roman Le châtiment des coupables C'est Mme de Volanges qui utilise le terme fatalité pour désigner l'ensemble des événements douloureux qui l'atteignent. L'emploi de ce mot et l'ensemble des informations données dans cette lettre incitent à s'interroger sur la portée morale du roman : d'un côté les coupables sont punis, de l'autre, le mot fatalité et la mise en jeu des passions et des intérêts suggèrent, comme dans le domaine de la tragédie, l'idée de catharsis Mais le pessimisme de la narratrice apporte une note différente : le roman n'évoque aucun enseignement moral. [...]
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