Choderlos de Laclos est un officier de carrière qui parcourt les villes de garnison de province et consacre son temps libre à la lecture et à l'écriture. En 1782, il écrit son unique roman Les Liaisons dangereuses dans lequel les échanges épistolaires ont pour thème principal le libertinage. Il y pose la question de l'émancipation féminine qui lui vaudra le scandale et la notoriété. L'extrait qui nous est présenté ici est la lettre IV qui est une réponse du Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil. En quoi reflète-t-elle le libertinage de moeurs ? Dans un premier temps, nous examinerons la relation ambigüe qui lie les deux correspondants puis nous étudierons la vision de l'amour selon Valmont.
I. Une relation ambigüe :
a) Une lettre amicale :
Dans cet extrait, la relation ambigüe qui unit les deux personnages nous est révélée au travers d'une lettre dont le numéro "IV" est indiqué clairement en guise de titre. Très classiquement, elle mentionne un émetteur "le Vicomte de Valmont" (l.1) et un destinataire "la Marquise de Merteuil" (l.2). La présence d'un cadre spatial "Paris" (l.1) "du château de" (l.2) et d'un cadre temporel "5 août 17**" (l.2) augmente encore la vraisemblance. En outre, la structure par paragraphes qui suit l'entête correspond au corps de la lettre dans laquelle les verbes sont majoritairement conjugués au présent d'énonciation "comme vous savez" (l.4), "je désire" (l.7) et au futur "vous serez" (l.14) "ne manquera pas" (l.21). Le lecteur doit penser qu'il parcourt bien une lettre car ces temps sont ceux généralement employés dans une correspondance. Le mode impératif "ne vous fâchez pas" "écoutez-moi" (l.18), les adjectifs laudatifs "charmants" (l.3) et "aimable" (l.3) et le langage noble et tendre "ma très belle marquise" (l.10), "ma belle amie" (l.26) et "ma très belle amie" (l.56) témoignent de leur intimité et de leur rang social (...)
[...] Le lecteur doit penser qu'il parcourt bien une lettre car ces temps sont ceux généralement employés dans une correspondance. Le mode impératif ne vous fâchez pas écoutez-moi (l.18), les adjectifs laudatifs charmants (l.3) et aimable (l.3) et le langage noble et tendre ma très belle marquise (l.10), ma belle amie (l.26) et ma très belle amie (l.56) témoignent de leur intimité et de leur rang social. Lien affectif et domination Le courrier nous apprend aussi que les personnages cherchent à accomplir une œuvre commune, ce qui émane des pronoms personnels nous des adjectifs possessifs notre (l.8, 12) et nos (l.14). [...]
[...] Pierre Choderlos de Laclos Les liaisons dangereuses (1782) Introduction : Choderlos de Laclos est un officier de carrière qui parcourt les villes de garnison de province et consacre son temps libre à la lecture et à l'écriture. En 1782, il écrit son unique roman Les Liaisons dangereuses dans lequel les échanges épistolaires ont pour thème principal le libertinage. Il y pose la question de l'émancipation féminine qui lui vaudra le scandale et la notoriété. L'extrait qui nous est présenté ici est la lettre IV qui est une réponse du Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil. [...]
[...] Valmont, en refusant l'ambition de la Marquise, lui en révèle une beaucoup plus téméraire, celle de conquérir une proie ardue, Me de Tourvel, qui seule pourra répondre à son goût pour la passion dévorante. A travers cette lettre, se dessine le visage du libertin de mœurs, être brûlant qui fait montre de duplicité dans ses stratégies amoureuses. Nous pouvons rapprocher Les Liaisons Dangereuses de l'œuvre fragmentaire Les Caractères dans laquelle La Bruyère nous dresse des portraits satiriques de personnes dont il fait des caractères-types à la portée encore universelle. [...]
[...] De plus, les expansions de noms amour conjugal (l. 28) et principes austères (l.29) accentuent la droiture de Mme Tourvel et sa fidélité envers le Président. A l'inverse, l'hyperbole vingt autres (l.21) et les tournures négatives n'a rien que (l.20), ne connaît rien (l.20), ne manquera pas d'enivrer (l.21) sont employées pour refléter l'ingénuité de la jeune fille, livrée sans défense (l.21), à Valmont qui la refuse pour être une proie trop facile. Un projet audacieux : Le désir de Valmont aiguisé par une proie difficile va éveiller en lui l'envie de mettre en place un projet audacieux. [...]
[...] Les personnages entretiennent donc une relation amicale basée sur un but commun qui est cependant à l'origine d'un rapport de domination. En effet, la répétition du nom esclave(s) (l.5, 53) et le champ lexical de la soumission idolâtre honoriez punirait (l.41), sacrifier (l.43), adore (l.46), prosterne (l.55), implore (l. 51) illustrent le rapport dominant/dominé qu'entretiennent la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont. L'antithèse noms plus doux / monstre (l.5) souligne que leur relation a changé. Le Vicomte ressent un sentiment d'infériorité face à la Marquise que prouvent l'opposition entre patronne de quelque grande ville (l.14) et saint de village (l.15) et les oxymores ordres charmants (l.4) et chérir le despotisme (l.4). [...]
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