Choderlos de Laclos est un officier de carrière qui parcourt les villes de garnison de province et consacre son temps libre à la lecture et à l'écriture. En 1782, il écrit son unique roman Les Liaisons dangereuses dans lequel les échanges épistolaires ont pour thème principal le libertinage. Cet extrait se situe à la fin du roman : Cécile de Volanges vient de s'enfuir sans prévenir sa mère pour le couvent où elle se cache après avoir appris la mort de Valmont et la publication des lettres de Madame de Merteuil. La lettre 173 que nous étudions ici est écrite par sa mère, Madame de Volanges, à Madame de Rosemonde à laquelle elle demande la vérité alors que dans la lettre précédente, celle-ci avait affirmé qu'il fallait laisser Cécile au couvent sans chercher à en savoir plus sur les événements passés. Comment Mme de Volanges, seul personnage de mère du roman. entend-elle découvrir la vérité ? Nous verrons dans une première partie qu'elle cherche à persuader Mme de Rosemonde de la nécessité de dire le vrai en l'attendrissant puisqu'elle entreprend de la convaincre par une lettre construite.
[...]
Mme de Volanges ignore tout de la situation de sa fille : elle prétend envisager le pire en imaginant que sa fille a couché avec Danceny alors qu'en réalité elle a été débauchée par Valmont, un libertin notoire. Elle est doublement trompée puisque elle s'est méprise sur le compte de Madame de Merteuil dont l'influence a modifié le comportement de Cécile. Plusieurs champs lexicaux attestent de son désespoir dont elle fait état pour persuader son amie de lui dire la vérité. En premier lieu, elle emploie celui du secret : "voile" (l.1) "cache" (l.2) "soupçons" (l.3) "incertitudes" (l.6) auquel elle oppose le champ lexical du dévoilement : "sortir de" (l.5) "vous interrogez" (l.8) "répondre" (l.10) "expliquez" (l.14) "répondiez" (l.43) "s'expliquer" (l.30). Ce non-su lui cause une peur comme le souligne le champ lexical correspondant : "effrayant" (l.1) "craindre" (l.2,11) "craintes" (l.15) "crains" (l.19) "redoute" (l.19) et "crainte" (l.23). De cette peur découle enfin une certaine souffrance pour elle : "affliger" (l.3) "affreux" (l.3, 43) "cruelles" (l.6) et pour sa fille : "trouvée mal" (l.23) "tant pleuré" (l.27) "douleur" (l.28). L'hyperbole "vingt fois" (l.5) accentue cette envie, cette nécessité de savoir (...)
[...] Le troisième paragraphe donne des éléments qui confirmeraient ses hypothèses car Cécile aurait mal réagi face à la liaison que Danceny et Merteuil entretenaient. Le quatrième paragraphe envisage une solution à travers le mariage de Cécile et Danceny. Et le cinquième se conclut sur une formule de politesse et encourage Mme de Rosemonde à répondre au nom de leur amitié (l.4-9). Par un effet de boucle, cette lettre se termine comme elle avait commencé par une exhorte directe et affectueuse Oh ! Mon amie ! [...]
[...] Les ressorts de la persuasion Le désespoir d'une mère Mme de Volanges ignore tout de la situation de sa fille : elle prétend envisager le pire en imaginant que sa fille a couché avec Danceny alors qu'en réalité elle a été débauchée par Valmont, un libertin notoire. Elle est doublement trompée puisque elle s'est méprise sur le compte de Madame de Merteuil dont l'influence a modifié le comportement de Cécile. Plusieurs champs lexicaux attestent de son désespoir dont elle fait état pour persuader son amie de lui dire la vérité. [...]
[...] Je me rappelle encore plusieurs circonstances qui peuvent fortifier cette crainte. Je vous ai mandé que ma fille s'était trouvée mal à la nouvelle du malheur arrivé à M. de Valmont ; peut-être cette sensibilité avait-elle seulement pour objet l'idée des risques que M. Danceny avait courus dans ce combat. Quand depuis elle a tant pleuré en apprenant tout ce qu'on disait de Madame de Merteuil, peut-être ce que j'ai cru la douleur et l'amitié n'était que l'effet de la jalousie, ou du regret de trouver son Amant infidèle. [...]
[...] Elle emploie de nombreux modalisateurs sous forme d'adverbes peut-être (l.28) et sans doute (l.33)) , de verbes paraître (l.2) croire (je croyais, j'ai cru, on se croit, je croirais, croire aux lignes 18,28,30,35,39) semble (l.30) et de modes d'hypothèse : le plus-que-parfait à la voix passive eût été trompé (l.32), le subjonctif passé n'ait mis le comble (l.21) et le conditionnel il serait possible (l.20) je croirais (l.35) porterait (l.43). Les propositions conjonctives circonstancielles introduites par la conjonction si 37,42) permettent également d'exprimer l'hypothèse. [...]
[...] Voilà, ma chère et digne amie, le seul espoir qui me reste ; hâtez-vous de le confirmer, si cela vous est possible. Vous jugez combien je désire que vous me répondiez, et quel coup affreux me porterait votre silence. Introduction : Choderlos de Laclos est un officier de carrière qui parcourt les villes de garnison de province et consacre son temps libre à la lecture et à l'écriture. En 1782, il écrit son unique roman Les Liaisons dangereuses dans lequel les échanges épistolaires ont pour thème principal le libertinage. [...]
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