Nous étudierons ici la lettre 161, c'est la première lettre de la présidente de Tourvel après sa rupture avec Valmont : son état est tel qu'elle ne peut écrire et confie cette tache à sa femme de chambre. Cette lettre est l'aboutissement d'un échange de courrier entre ses amies, au sujet de sa santé qui se dégrade depuis son entrée au couvent. Dans cette lettre, la présidente dialogue avec plusieurs interlocuteurs dans sa folie, elle s'y plaint et s'y confesse. Peu après la rédaction de cette lettre, elle apprend la mort de son amant et succombe, c'est donc la toute dernière manifestation de la présidente avant sa mort (...)
[...] Il incarne dans ces passages le mal absolu, la cause du désespoir de la présidente de Tourvel. Cette image marque un contraste frappant par rapport au deuxième destinataire masculin de la lettre : M. de Tourvel. Son mari est quand à lui évoqué dans troisième paragraphe toi que j'ai outragé l. 23) et est associé à la tromperie femme infidèle l ta vengeance l ta honte l. 28) à la bonté et à l'indulgence l'estime l tu me remisses une faute l indulgence l. [...]
[...] Bien que le texte soit donc en grande partie adressé à Valmont, il n'est jamais nommé mais seulement désigné explicitement, par exemple à l'aide de périphrases dans le premier paragraphe être cruel et malfaisant l auteur de mes fautes l. le quatrième c'est à la fois, pour lui et par lui, que je souffre l. le cinquième Oh mon aimable ami ! l Dieu ! C'est ce monstre encore ! l. 54) et enfin le septième paragraphe («cruel l Monsieur l. 70). On peut donc considérer Valmont comme le destinataire principal car régulièrement sujet d'une partie majeure de la lettre. [...]
[...] Laclos utilise aussi un autre élément pour marquer la folie de Tourvel. En effet, le portrait qu'elle dresse de Valmont est parfaitement incohérent. La présidente cherche d'abord à se protéger de Valmont et à cache son amour réciproque : elle en dresse un portrait péjoratif et le qualifie de monstre. Dans le premier paragraphe, elle met en valeur le danger qu'il représente pour elle, d'où la répétition de l'adjectif cruel et 10). Il est aussi décrit comme l'incarnation du mal grâce au parallélisme de construction des 3 phrases dans le quatrième paragraphe ses yeux n'expriment plus que de la haine [ ] que pour le déchirer à 41). [...]
[...] M. de Tourvel, quand à lui, est évoqué indirectement sous le thème du mari trompé : elle cherche à se faire pardonner. Profonde croyante, on peut supposer que la présidente de Tourvel essaye de se faire pardonner aux yeux de son mari, mais aussi d'un point de vue religieux. De ce point de vue, elle se confesse et espère que ses pêchers seront pardonnés : elle se considère comme criminelle (l. 14) et veux abdiquer ses pêchers avant de mourir. [...]
[...] Sa folie est presque palpable dans le dernier paragraphe, ou les phrases exclamatives et la ponctuation sont très fréquentes. La folie est dans son paroxysme lorsque la présidente de Tourvel commence à avoir des hallucinations : elle pose des questions à Valmont Quelle nouvelle fureur t'anime ? l qui peut altérer ainsi tes traits ? Que fais-tu ? l. 53/54) et visualise même dans sa folie Mais quoi ! C'est lui je ne me trompe pas ; c'est lui que je revois l Laisse moi donc, cruel ! [...]
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