La Marquise révèle au Vicomte son amour pour Mme de Tourvel et dénonce son attitude à son égard. Son reproche principal tient au manque de lucidité dont témoigne l'attitude du Vicomte. Maniant à la perfection les artifices de la rhétorique, elle le renvoie à des évidences à l'aide de fausses interrogations qui soulignent l'inconscience du Vicomte. "Qu'est-ce, par exemple, que ce subterfuge dont vous vous servez vis-à-vis de vous-même (car je vous crois sincère avec moi), qui vous fait rapporter à l'envie d'observer le désir que vous ne pouvez ni cacher ni combattre, de garder cette femme ?" Elle prétend vouloir le ramener à la raison et lui faire voir sa vérité en face (...)
[...] Ou ce sont là, vicomte, des symptômes assurés d'amour, ou il faut renoncer à en trouver aucun. Soyez assuré, que pour cette fois, je vous parle sans humeur. Je me suis promis de n'en plus prendre; j'ai trop bien reconnu qu'elle pouvait devenir un piège dangereux. Croyez-moi, ne soyons qu'amis, et restons-en là. Sachez-moi gré seulement de mon courage à me défendre : oui, de mon courage; car il en faut quelquefois, même pour ne pas prendre un parti qu'on sent être mauvais. [...]
[...] Maniant à la perfection les artifices de la rhétorique, elle le renvoie à des évidences à l'aide de fausses interrogations qui soulignent l'inconscience du Vicomte. «Qu'est-ce, par exemple, que ce subterfuge dont vous vous servez vis-à-vis de vous-même (car je vous crois sincère avec moi), qui vous fait rapporter à l'envie d'observer le désir que vous ne pouvez ni cacher ni combattre, de garder cette femme?» Elle prétend vouloir le ramener à la raison et lui faire voir sa vérité en face. [...]
[...] Le personnage de la Marquise fait du libertinage une exigence de l'esprit. Dans l'extrait proposé, elle ne fait aucune allusion aux charmes de l'amour; bien au contraire, la passion de Valmont envers la Présidente est présentée de l'extérieur. Son comportement s'explique, en fait, plus par une volonté de domination intellectuelle que par goût immodéré du plaisir comme dans les romans de Sade, par exemple. CONCLUSION. Ce passage est déterminant pour la progression de l'histoire : en exprimant avec netteté au Vicomte qu'il est amoureux de Mme de Tourvel, Valmont, touché dans son orgueil, ne voudra pas déroger à l'idée qu'il se fait de lui et il se moquera de la présidente et s'en trouvera cruellement puni. [...]
[...] Les citations qu'elle reprend de sa lettre en témoignent, ainsi que ce jugement très expéditif: charme qu'on croit trouver dans les autres, c'est en nous qu'il existe». Elle veut que Valmont abandonne la Présidente pour elle: elle veut «que cette rare, cette étonnante Mme de Tourvel ne fût plus pour vous qu'une femme ordinaire, une femme telle qu'elle est seulement». La Marquise remet en cause à la fois l'attitude du Vicomte et le peu d'attrait de la Présidente. Elle ne supporte pas que le Vicomte dissimule quoi que ce soit, même si sa passion demeure inconsciente. [...]
[...] Le terme liaison renvoie aussi bien à la forme du roman épistolaire qu'au contenu de l'action. La Marquise se présente comme l'incarnation achevée de la séductrice, comme une manipulatrice qui organise et régente le jeu des relations en prônant des valeurs fondées sur le plaisir et le libertinage. Dans ce passage, la Marquise de Merteuil répond au vicomte de Valmont, qui célébrait, dans un précédent envoi, les vertus de la présidente de Tourvel. Laclos fait de son personnage féminin une intellectuelle rompue aux tactiques de persuasion psychologique. [...]
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