Sonnets de Louise Labé, poétesse lyonnaise précurseur du féminisme, est un recueil composé de 24 sonnets qui expriment sa passion pour un homme qui la délaissa.
La huitième pièce, notamment, qui débute par « je vis, je meurs », chante le bonheur et la souffrance d'aimer (...)
[...] Louise Labé ne domine pas cette puissance qui l'asservit à ses sentiments et ses sensations. Les champs lexicaux dominants illustrent cet asservissement : L'amour : v.9 Amour : ce champ lexical est réduit à sa plus simple expression car il est développé par plusieurs métaphores dans le poème. Le bonheur : v.5 je ris v.6 plaisir v.7 mon bien v.11 hors de peine v.12 et 14 ma joie v.13 mon désiré heur La souffrance : v.1 je me brûle et me noye v.2, v.3 trop dure v.4 j'ai grands ennuis v.5 je larmoie v.6 maint grief tourments j'endure v.8 je sèche v.10 plus de douleur v.14 malheur L'eau : v.1 me noye v.5 larmoie v.8 verdoie La chaleur : v.1 me brûle v.2 chaud extrême v.8 sèche On constate un jeu d'antithèses qui reflète les contradictions propres à la passion, dans le registre des sentiments et des sensations : ces oppositions apparaissent dans chaque vers des quatrains (régularité de la construction binaire qui oppose deux contraires dans les hémistiches : v et 7 ; ou parallélisme de construction : v.3 et et v.5 et 8 tout à un coup : simultanéité des contraires). [...]
[...] III) Conclusion : Ce sonnet dans lequel Louise Labé met son cœur à nu en disséquant ses sentiments est non seulement une réflexion sur les ravages et les paradoxes de la passion, mais aussi une description pathétique d'un cœur amoureux. D'une certaine façon, Louise Labé ouvre la voie de la littérature aux femmes. [...]
[...] Avec le connecteur logique ainsi v.9, Louise Labé envisage d'expliquer l'origine de ses tourments. Cet effort d'analyse se traduit par l'ampleur des propositions et par l'apparition de la coordination v.10 et 13, et de la subordination v.10 (temporelle), v.11 (infinitive) et 14 (temporelle). Tout le poème apparaît donc comme l'amplification de l'antithèse initiale et illustre le fait que le sujet amoureux est esclave de sa passion. Ainsi les antithèses sont renforcées par des hyperboles qui soulignent le caractère excessif de toute passion : v.2 extrême v.3 trop v.4 grands v.6 maint v.10 plus v.13 au haut De nouvelles antithèses dans les tercets débordent le cadre du vers : v.10 quand je pense (v.11 sans y penser et plus de douleur (v.11 hors de peine ; v.12-13 (v.14). [...]
[...] Cette circularité de la passion est illustrée par la répétition de certains termes : joie v.4 et 12, penser v.10 et 11. Les sonorités également reprennent ce mouvement pendulaire : la rime en eur dans les tercets correspond avec le premier hémistiche du premier vers. Ces échos renforcent la circularité du sonnet, comme la chute de celui-ci : les vers 12 et 13 promettaient un bonheur sûr à Louise Labé mais il est remis en question au dernier vers, notamment par le préfixe par l'adjectif premier qui implique un retour à un état initial d'insatisfaction, et par l'allitération en M qui renvoie au caractère capricieux de l'amour. [...]
[...] La huitième pièce, notamment, qui débute par je vis, je meurs chante le bonheur et la souffrance d'aimer. Ce sonnet se présente comme une confession lyrique, dans laquelle son auteur se livre sans pudeur, mais aussi comme une définition des ambiguïtés de la passion. Une confession lyrique : On relève l'importance du pronom de la première personne (16 pronoms personnels et 3 pronoms réfléchis ; 4 adjectifs) mis en relief car il est souvent placé au début et à la fin de chaque hémistiche. [...]
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