Vers la deuxième moitié du XXe siècle, le romantisme s'infléchit et laisse la place aux expériences novatrices de la modernité. Baudelaire est le précurseur du symbolisme et, par son recueil Les Fleurs du mal, il crée une oeuvre qui introduit le souffle moderne dans le lyrisme.
Charles Baudelaire a eu une influence considérable par l'importance des images, son goût de la contradiction et son caractère provocateur. Pour Baudelaire, la nature est le monde caché, l'analogie universelle derrière les formes et les couleurs, et la poésie doit transgresser le phénoménal, le visuel, pour arriver à l'essence.
« La Musique » est un poème original qui se situe dans la première partie, la plus importante, « Spleen et Idéal ». On connaît l'importance des sensations dans l'oeuvre de ce poète, et ce poème démontre la place de la musique tout en s'attachant à décrire les sources de l'inspiration poétique, sous une forme métaphorique. Le caractère envoûtant de ce poème à la lecture provient sans doute de son originalité.
Un poème construit comme un morceau de musique
Une forme significative.
Le poème « La Musique » est formé de deux quatrains et de deux tercets. Deux mètres sont utilisés : l'alexandrin alterne avec le pentasyllabe. Le poème est bâti sur six rimes disposées selon le schéma abab cbcb ded eff alternant rimes féminines et rimes masculines.
On peut remarquer que le poème « La Musique » n'est pas un sonnet car il ne présente pas la structure traditionnelle ni du sonnet à forme marotique (ABBA / ABBA // CCD / EED), ni du sonnet à forme française (ABBA /ABBA // CCD /EDE).
S'agit-il d'un sonnet hétérométrique ? Charles Baudelaire a eu recours dans « Le Chat » à un mètre alterné, composé de décasyllabes et d'octosyllabes selon le schéma : A10-b8-A10-b8 // C10-d8-C10-d8 // E10-f8- E10 // f8-G10-g8. Ce qui permet d'écarter le sonnet hétérométrique, c'est l'utilisation du vers impair. Les vers impairs sont rarement utilisés dans Les Fleurs du Mal par Baudelaire. On trouve des pentasyllabes dans « Le serpent qui danse », « La Musique » et « L'Amour et le Crâne ». Le vers impair fait immédiatement penser à l'« Art poétique » de Paul Verlaine (...)
[...] La métaphore du navire jointe à l'idée du souvenir fait penser que La Musique n'est ni plus ni moins qu'un voyage intérieur, un approfondissement poétique. Ce premier quatrain décrit un appareillage. Dès le premier vers, la mer détache le poète du monde et le dirige vers un univers imaginaire qui existe quelque part dans le vaste éther ou qu'il devine caché derrière le plafond de brume. Le plafond de brume sépare le poète de son étoile symbolique, ce qui confère à celle-ci, par une sorte de paradoxe poétique, plus d'objectivité et plus d'éloignement que si elle miroitait dans un ciel sans nuage : elle existe indépendamment du poète qui s'y dirige. [...]
[...] Si l'on part du vers voile n'est plus un nom, mais un verbe qui a le sens de cacher La répétition transforme la voile du bateau en voile pour cacher et, ce faisant, transforme la relation du sujet je au monde extérieur. Les relations arbitrées par la voile sont perdues une fois que la limite entre le sujet et le monde est décrite comme un voile qui cache. La perte introduit négativement l'élément de la vision et prépare de ce fait le deuxième moment esthétique du poème. [...]
[...] La Musique est un poème original qui se situe dans la première partie, la plus importante, Spleen et Idéal On connaît l'importance des sensations dans l'œuvre de ce poète, et ce poème démontre la place de la musique tout en s'attachant à décrire les sources de l'inspiration poétique, sous une forme métaphorique. Le caractère envoûtant de ce poème à la lecture provient sans doute de son originalité. Un poème construit comme un morceau de musique Une forme significative. Le poème La Musique est formé de deux quatrains et de deux tercets. Deux mètres sont utilisés : l'alexandrin alterne avec le pentasyllabe. [...]
[...] La musique souvent / me prend comme une mer ! Vers ma pâle étoile Sous un plafond de brume / ou dans un vaste éther Je mets à la voile ; 5 La poitrine en avant /et les poumons gonflés Comme de la toile J'escalade le dos / des flots amoncelés Que la nuit me voile ; 5 Je sens vibrer en moi / toutes les passions D'un bateau qui souffre ; 5 Le bon vent//, la tempête /et ses convulsions Sur l'immense gouffre 5 Me bercent///. [...]
[...] LXIX LA MUSIQUE La musique souvent me prend comme une mer ! Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, Je mets à la voile ; La poitrine en avant et les poumons gonflés Comme de la toile, J'escalade le dos des flots amoncelés Que la nuit me voile ; Je sens vibrer en moi toutes les passions D'un bateau qui souffre ; Le bon vent, la tempête et ses convulsions Sur l'immense gouffre Me bercent. [...]
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