On compare souvent les fables de La Fontaine à des pièces de théâtre dont la structure laisse apparaître nettement plusieurs actes. Lui-même a utilisé la métaphore théâtrale pour parler de son oeuvre : "une ample comédie à cent actes divers et dont la scène est l'univers" (v.1).
Ainsi, la structure du texte apparaît-elle clairement dans cette fable : (...)
[...] 27-28 et selon ses caprices, selon l'arbitraire le plus total : son plaisir” (v. 27). Ce troisième changement est définitif, Jupiter refusant de donner satisfaction aux grenouilles une quatrième fois : c'est une manière de leur imposer la leçon par l'expérience. On peut voir dans cette succession un rappel de la philosophie politique d'Aristote, qui distinguait démocratie, monarchie et tyrannie. Que le “soliveau” incarne le bon roi et donc la monarchie idéale, cela se voit au vocabulaire mélioratif qui lui est associé : tout pacifique” sire” “débonnaire et doux”. [...]
[...] La représentation que La Fontaine fait des grenouilles est marquée par la tonalité satirique. Le choix de ces animaux, même s'il remonte au modèle ésopique constitue en soi un indice de la dévalorisation du peuple : la grenouille n'est pas un animal que l'imaginaire valorise, elle est habituellement symbole de laideur. L'idéologie classique a une image très dépréciative du peuple, conçu comme irréfléchi et immature politiquement, même s'il arrive que Pascal lui octroie la sagesse des ignorants. Le texte confirme cette peinture peu flatteuse : “gent fort sotte et fort peureuse”" (v. [...]
[...] qui énonce la morale au style direct, à partir du v.30, on peut supposer que la monarchie de droit divin trouve ainsi sa légitimité renforcée. On voit la solidarité entre le régime monarchique dont l'auteur fait l'éloge, et le pouvoir religieux qui lui sert de légitimation. Jupin est simultanément un roi et un faiseur de rois. Le fait que le “soliveau” du ciel” (v. inscrit clairement l'idéal de hiérarchie qui règle la mentalité classique, en faisant du souverain un envoyé et une image de Dieu sur terre. Un idéal de juste mesure. [...]
[...] Il convient aussi d'étudier les enjambements (v.3 et 4 et dans tout le début du texte, par exemple). Le réalisant des lieux. La vie du récit tient à l'art de La Fontaine de recréer des lieux. Comme souvent, il s'agit ici d'un lieu naturel avec une pièce d'eau. La Fontaine a été conservateur des Eaux et des Forêts et gardera toujours un intérêt particulier pour la nature. Le marécage est évoqué de manière très suggestive en peu de vers : . [...]
[...] La lâcheté des grenouilles et donc du peuple est un point essentiel de la satire : champ lexical de la peur oser” v peur” v tremblant” v. 18). Leur grossièreté est elle aussi tournée en ridicule : . ] se rendit familière / Jusqu'à sauter sur l'épaule du (v. 21-22). L'enjambement traduit le scandale d'un tel comportement qui est loin de respecter l'étiquette (les codes de courtoisie et de respect en vigueur à la cour). La fable exploite, en outre, les connotations liées aux éléments : les personnages vivent dans un espace bas et humide les v “dans les trous du marécage” v. [...]
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