L'intérêt du lecteur est suscité tout d'abord par l'aspect dramatique de la confrontation. Le narrateur décrit en un vers la situation effrayante du loup (« Un loup n'avait plus que les os et la peau » v. 1) puis il oppose à cet animal famélique le chien, plein de santé : « Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau » (v.3) (...)
[...] ou encore Flatter ceux du logis, à son maître complaire ; (v. comme si l'ampleur de ce type de vers convenait mieux pour exprimer les aises qu'il prend dans la vie. Il parle posément et longuement comme ceux qui ont l'habitude d'être écoutés alors que le loup lui s'exprime brièvement, comme un être sur la défensive, posant à peine de furtives questions et 33). La condescendance et le mépris des faibles sont sans doute d'autres traits de caractère du chien. [...]
[...] il s'efface ensuite pour laisser la parole au chien. Notons à ce propos que, pour plus de vivacité, le passage du récit au dialogue est amené directement, la formule d'introduction étant rejetée en fin de phrase : Il ne tiendra qu'à vous, beau sire / D'être aussi gras que moi, lui repartit le chien (v. 13). Nous entrons alors dans une petite scène de comédie. Au milieu du dialogue le narrateur annonce brièvement le retournement de situation Chemin faisant, il vit le col du chien pelé et il s'efface aussitôt. [...]
[...] Peut-être est-il inconscient ? Nous avons vu qu'il n'aimait pas s'interroger. Peut-être est- ce de la gêne ? En tout cas, il ne désigne pas directement la marque du collier mais se sert d'une périphrase dont l'effet est de minimiser la réalité : le collier dont je suis attaché / De ce que vous voyez est peut- être la cause (v. 34).* Le loup est l'exact opposé du chien. Autant le chien est un être civilisé autant le loup est sauvage. [...]
[...] On pourrait donc penser que cette fable est une méditation sur le bonheur et la liberté. La vie confortable, nous dirait implicitement La Fontaine, s'accompagne souvent de compromissions et se révèle incompatible avec la liberté. Entre les deux, il faut choisir. Mais chacun trouve son compte dans la solution qu'il adopte.* Songeons que La Fontaine était un homme à l'esprit indépendant, tenté par le libertinage et rétif au pouvoir royal : un loup en quelque sorte. Toutefois, poussé par le besoin, il a toujours fait allégeance à de puissants protecteurs, qui l'hébergeaient dans leurs châteaux et dont il était en quelque sorte le serviteur, notamment le ministre Fouquet puis la duchesse d'Orléans. [...]
[...] Le loup déjà se forge une félicité qui le fait pleurer de tendresse. Tendresse de loup bien sûr, il ne songe qu'à bâfrer, mais le contraste est trop fort entre l'image de la bête féroce et celle des larmes ; on comprend que La Fontaine ait suscité l'intérêt des grands illustrateurs et des caricaturistes. Notons l'usage du présent de narration qui rend la scène plus vivante, plus actuelle. On imagine le conteur s'arrêter dans son récit, pour mimer devant l'assistance le loup attendri. [...]
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