L'énumération progressive (même du point de vue syllabique) qui se déploie dans le premier hémistiche du vers 4 est reprise par l'anaphorique tout juste après la césure : le point de vue change et devient celui d'un témoin omniscient pour lequel le coche, malgré l'énumération analytique d'une partie de ses " constituants ", devient un ensemble, objet du regard. Le vers 5 présente en effet l'autre constituant du coche : l'attelage selon une perspective globalisante (la métonymie appartient ici à la langue), en contraste avec les trois verbes à l'imparfait (...)
[...] Le vers 11 présentait aussi un exemple burlesque de cette disjonction : le char chemine. D'une part le " char " est un véhicule guerrier de l'antiquité ou celui du soleil, léger et rapide - et donc bien loin du lourd coche - d'autre part " cheminer qui réfère à une progression indolente semble impropre avec " char " : la grandiloquence burlesque est de surcroît soulignée par l'allitération du " ch " initial.Victoire aussi détone par rapport au contexte narratif, il ne s'agit que d'un transport civil, sans prestige, dans l'ascension d'une côte. [...]
[...] Même si l'on n'admet pas la syllepse, " besoin " reste un terme en partie impropre par rapport à son référent en situation : que le coche grimpe la côte. Disjonction comique encore au vers entre le verbe et le complément de moyen : les animer par son bourdonnement, le bourdonnement référant à un bruit monotone et de faible amplitude, en quoi peut-il contribuer à de l'animation, ou pis encore à ce " supplément d'âme " qu'évoque l'étymon d'animer ? [...]
[...] Cette fable présente d'abord une grande liberté. Sa variété contrevient aux préceptes d'unité qu'imposent les doctes à d'autres formes. Cette liberté par rapport aux préceptes que la tradition considère comme " classiques " va jusqu'à enfreindre, par l'hiatus notamment, par de fausses impropriétés, les codes de " bon usage " de la poésie (quant à faire des alexandrins à propos d'une mouche La Fontaine illustre une toute autre conception de l'art poétique, adaptant les procédés au propos, se fondant sur le plaisir procuré au lecteur par la variété, par le comique, pour séduire l'intelligence du récit (qui peut rester clair en étant elliptique ou inégalement développé, voire abrégé). [...]
[...] Le vers 20 transcrit un récit à deux niveaux d'énonciation : celui du conteur, narrateur omniscient, et celui de ce que la mouche peut constater, qui nourrit sa pensée. La " reprise en main " par le conteur est plus nette encore au vers 24, où les actions de la mouche sont évaluées et nommées simultanément : " cent sottises Différemment, dans l'apologue, les deux octosyllabes, situés entre deux alexandrins, illustrent le défaut social critiqué, de façon concrète : S'introduisent partout dans les affaires / Ils font partout les nécessaires et constituent un petit récit, de tonalité plus générale cependant que celui de la fable, dont ils sont le contrepoint. [...]
[...] L'impression de rapidité, d'un récit " troussé résulte aussi de l'insertion du point de vue de la mouche au sein même du récit, jusqu'au vers 24. Que ce soit au style indirect, par hypotaxe donc, aux vers et 19, au style direct mais sans verbe introducteur, aux vers et 28, voire au style indirect libre vers 21 et 22. A la variété que confère au récit l'insertion des propos rapportés, celle-là ajoute sa propre variété quant à sa forme, et transcrit le point de vue de la mouche (que le conteur ne reprend pas à son compte). [...]
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