V.1 à 6 : c'est le déchaînement du mal avec toutes ses colorations : épouvante, colère divine, culpabilité, épidémie, mort, guerre, et dans sa plus grande extension puisqu'il touche le ciel, le terre, le monde infernal et tous les vivants. La phrase unique étire en relatives et en apposition l'angoisse éveillée par le sujet. "Un mal" pour n'atteindre le groupe verbal principal qu'au 6ème vers (...)
[...] Il imite ainsi son roi: "Que m'avaient-ils fait? nulle offense". Le succès sera bien différent, car les jeux sont déjà faits: ces mots, on cria haro sur le baudet": Haro, cette clameur horrible donnait le signal du déchaînement populaire sur un coupable, celui-ci n'est plus un âne mais un "baudet". * 56 "un loup quelque peu clerc prouva par sa harangue Qu'il fallait dévouer ce maudit animal, Ce pelé, ce galeux d'où venait tout le mal Ce pelé, ce galeux d'où venait tout le mal". [...]
[...] Une fois éveillée la crainte du sacré, le lion peut se montrer sévère et cela d'autant plus qu'il ne se dissocie pas du groupe; Il joue le jeu et s'accuse le premier: * 25 "Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons, j'ai dévoré force moutons". Non content d'avouer ses fautes, il utilise des mots qui soulignent sa culpabilité: "appétits gloutons . dévoré . force (bien pire que beaucoup) " * 27 "que m'avaient-ils fait? nulle offense". Il balaie la circonstance atténuante de la vengeance comme il avait négligé celles de la faim ou de la rareté des faits. Quelle confusion dans cet aveu au rythme haché, avec le final génial, en rejet! "Même/il m'est arrivé/quelquefois/de manger Le berger". [...]
[...] "Je me dévouerais donc, s'il le faut. Mais je pense qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi: car on doit souhaiter selon toute justice que le plus coupable périsse". Ainsi, sous couleur d'équité, le roi se montre bien décidé à trouver un autre coupable que lui-même. Un discours qui avait commencé sous le signe de la solidarité et de la transparence s'achève dans la comédie et le mensonge; Le lion n'a plus qu'à laisser parler sa cour érigée en tribunal. [...]
[...] Quelle tristesse dans ces longs imparfaits (temps de la durée de la contemplation)! Quel découragement devant une entreprise donnée au Vers.9 ! Comme impossible par l'alliance d'idées opposées "soutien/mourante" et quelle lassitude dans ce participe qui dure au point de devenir un adjectif. * Aux Vers.11-12 en 2 octosyllabes voici, magistralement posé en négatif, le guet silencieux des deux prédateurs, et par une sorte de contagion irrationnelle, notre pitié pour "la douce et l'innocente proie" va envelopper ces chasseurs annihilés par le mal. [...]
[...] Faut-il faire de La Fontaine un champion de la justice sociale? Ce n'était pas sa préoccupation véritable mais il ne craignait pas non plus la disgrâce n'ayant jamais connu la faveur, ni l'emprisonnement non plus, cependant nous pouvons saluer ici son indépendance d'esprit et sa lucidité, remarquables en un temps où la volonté royale paralysait chez beaucoup le libre exercice de la pensée. Rappelons aussi la belle fidélité du poète en ses débuts pour son ami Nicolas Fouquet lorsque la colère du Roi s'abattit sur ce dernier. [...]
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