La proposition de Jupiter
La fable entre immédiatement dans le vif du récit : « Jupiter dit un jour ». On ne trouve en effet ni introduction ni aucune description pour donner le contexte dans lequel va se dérouler l'action.
Commence alors sur un ton grandiloquent, souligné dans les 3 premiers vers par l'utilisation de l'alexandrin, le discours de Jupiter, Dieu de l'Univers chez les latins. Ce discours est une invitation aux animaux et aux hommes à lui parler franchement de leurs doléances afin de s'améliorer (physiquement).
« Que tout ce qui respire
S'en vienne comparaître aux pieds de ma grandeur :
Si dans son composé quelqu'un trouve à redire,
Il peut le déclarer sans peur ;
Je mettrai remède à la chose. »
Ce discours se caractérise donc par la grandiloquence du ton, qui met en valeur celui qui parle.
Il s'ouvre sur une périphrase utilisée pour designer « toutes les créatures » : « que tout ce qui respire ». Il se poursuit par l'image de l'agenouillement des sujets devant le souverain, évoqué dans l'expression « comparaître aux pieds de ma grandeur » - expression qui évoque la grandeur royale de celui qui parle. Ce discours fait aussi apparaître un vocabulaire savant (notamment « dans son composé » pour dire « dans la manière dont il est composé »).
Mais cette hauteur de ton laisse vite place à un ton plus familier qui cherche à rassurer ses sujets. (...)
[...] Elle permet aussi d'assurer l'unité de la fable en rappelant, dans la moralité consacrée aux hommes, la présence d'animaux. L'idée est d'ailleurs formulée deux fois en l'espace de 3 vers ! L'utilisation du terme prochain et frère (au vers 12) font penser à la religion chrétienne, comme le souligne l'expression le fabricateur souverain du vers 31. La Fontaine mélange ainsi les Dieux latin et chrétien. Si l'on ajoute le mot besacier qui date du Moyen-Age, on remarque qu'a travers cette coexistence des époques et des civilisations La Fontaine cherche à nous montrer que la morale est bonne en tout temps et pour tous tous de même manière La moralité se termine sur l'image bien concrète des deux besaces : Il fit pour nos défauts la poche de derrière, Et celle de devant pour les défauts d'autrui. [...]
[...] En fait chacun semble ne se juger que d'après ce qui lui est proche, sans avoir aucun sens de relativité III/ Les doléances des hommes et la morale Quoique cette fable fasse une grande place aux animaux, sa moralité vise essentiellement l'homme qui apparait justement dans la dernière partie. Jupiter, appelé ici familièrement Jupin par le fabuliste, dans son immense sagesse, renvoie toutes les créatures car toutes ont parlé pour se déclarer satisfaites. Le verbe censurer signifie dans ce contexte dénoncer les défauts (vers 25). Ainsi la plus excessive des censures fut celle de l'homme : mais parmi les plus fous Notre espèce excella Le terme fous souligne l'absence de jugement raisonnable. Les paroles de la race humaine ne sont pas reproduites. [...]
[...] Nous verrons comment l'art de La Fontaine fait défiler de façon pittoresque les animaux les plus variés et l'homme, auquel s'applique la moralité, avec un récit alerte qui s'oriente vers une moralité valable en tout temps. Vers 1 à 5 : La proposition de Jupiter Vers 6 à 24 : Les doléances des animaux - le singe - l'ours - l'éléphant - la fourmi Vers 25 à fin : Les doléances de l'homme et la morale La proposition de Jupiter La fable entre immédiatement dans le vif du récit : Jupiter dit un jour On ne trouve en effet ni introduction ni aucune description pour donner le contexte dans lequel va se dérouler l'action. [...]
[...] L'Eléphant étant écouté, Tout sage qu'il était, dit des choses pareilles. Il jugea qu'à son appétit Dame Baleine était trop grosse. Dame Fourmi trouva le Ciron trop petit, Se croyant, pour elle, un colosse. Jupin les renvoya s'étant censurés tous, Du reste, contents d'eux ; mais parmi les plus fous Notre espèce excella ; car tout ce que nous sommes, Lynx envers nos pareils, et Taupes envers nous, Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes : On se voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain. [...]
[...] On remarque que ses propos sont rapportés au style indirect qui condense le discours à l'essentiel et diversifie le récit fabuliste. Le récit est alerte, sans transition aucune entre les animaux reliés entre eux uniquement par les critiques de l'intervenant précédent. Cette succession cocasse apporte une certaine fantaisie à la fable. Arrive ainsi le tour de l'éléphant. Comme les autres animaux, il est content de lui et émet des critiques sur un autre animal. En l'occurrence la baleine : L'Eléphant [ ] dit des choses pareilles. Il jugea qu'à son appétit Dame Baleine était trop grosse. [...]
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