Commentaire composé de la fable issue du Livre II de La Fontaine intitulée L'homme et son image.
[...] Il va se confiner Aux lieux les plus cachés qu'il peut s'imaginer N'osant plus des miroirs éprouver l'aventure. Mais un canal, formé par une source pure, Se trouve en ces lieux écartés ; Il s'y voit ; il se fâche ; et ses yeux irrités Pensent apercevoir une chimère vaine. Il fait tout ce qu'il peut pour éviter cette eau ; Mais quoi, le canal est si beau Qu'il ne le quitte qu'avec peine. On voit bien où je veux venir. [...]
[...] Cette antonomase (passage d'un nom propre à un nom commun) qualifie aussi l'homme égocentrique, qui ne pense qu'à lui et accorde de l'importance à son apparence. Aussi trouve-t-on un champ lexical de la vue très développé dans le texte : v.6 présenter à ses yeux v et 26 miroirs v.16 voit yeux irrités v.17 apercevoir On peut y ajouter la périphrase précieuse du vers 7 les conseillers muets dont se servent nos dames On remarque une insistance sur le terme-clé de la fable, miroirs grâce à une anaphore en début de vers et à une accumulation (v.8 à 10) donnant l'impression que les miroirs sont partout, comme l'auteur l'indique v.6. [...]
[...] La portée généralisante du texte est assurée par le jeu des noms et des pronoms : l'indéfini du début (v.1 un homme devient un défini qui implique l'humanité entière (v.24 : noter la majuscule à Homme mais aussi le titre l'homme De même, l'emploi des majuscules pour des noms communs en fait des catégories universelles : v.7 Dames v.8 Marchands v.9 Galands etc. Tout le récit peut donc se lire comme une métaphore filée du narcissisme humain. De plus, la morale rend hommage à l'auteur des Maximes, ce livre étant assimilé, grâce à une nouvelle métaphore v.27-28 au canal qui reflète une image vraie de notre personnalité. [...]
[...] Il faut s'y voir pour prendre conscience de ses défauts, même si la lucidité est un désagrément. Ainsi le dernier mot de la fable renvoie à la dédicace mystérieuse du début : pour Monsieur Le Duc De La Rochefoucauld. Cet encadrement du texte peut être considéré comme un effet-miroir qui renforce encore le sens du livre de La Rochefoucauld : l'image humaine y est représentée sans complaisance ; chaque homme peut y voir une réalité cruelle et sans fard. Conclusion Cette fable induit deux types de lecture : la première est l'adaptation du mythe de Narcisse à la condition humaine, la seconde est un éloge métaphorique aux Maximes de La Rochefoucauld. [...]
[...] Il fait le portrait du narcissisme et rend en même temps hommage à un moraliste de son temps : le Duc de La Rochefoucauld. Lecture Un homme qui s'aimait sans avoir de rivaux Passait dans son esprit pour le plus beau du monde. Il accusait toujours les miroirs d'être faux, Vivant plus que content dans son erreur profonde. Afin de le guérir, le sort officieux Présentait partout à ses yeux Les Conseillers muets dont se servent nos Dames : Miroirs dans les logis, miroirs chez les Marchands, Miroirs aux poches des galands, Miroirs aux ceintures des femmes. [...]
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