La fable semble en effet très moralisatrice, et s'érige en enseignement pour le lecteur dés les premiers vers : « Jamais auprès des fous ne te mets à portée : /Je ne te puis donner un plus sage conseil. /Il n'est enseignement pareil/A celui-là de fuir une tête éventée. ». Ces quatre vers constituent une moralité on ne peut plus claire. L'auteur se pose en homme sensé ayant une leçon à donner au lecteur dans cette fable, il utilise d'ailleurs les termes « conseil » et « enseignement » (...)
[...] Car le roi a bien compris que le comportement du fou n'est qu'un jeu théâtral. A la suite de cette satire du milieu de la cour, l'auteur nous entraîne du spectacle de cour vers le spectacle de rue, en même temps que commence réellement le récit de la fable : un Fol en particulier entre en jeu au vers 8. Ce fou là semble évoluer sur une immense scène, qu'est devenue la rue pour lui : ainsi il va par tous les carrefours Le lecteur va alors assister à un véritable spectacle théâtral. [...]
[...] Ainsi l'alternance entre alexandrins et octosyllabes contribue à rendre la scène plus vivante, tout comme la ponctuation très présente qui semble faite pour faciliter la diction d'un comédien. De même les nombreux enjambements, au vers 8 et et 10 ; 12 et et et 26 par exemple, témoigne aussi de la vivacité de la métrique et de son expressivité. Ainsi, dans cette ambiance théâtrale, le fou peut être vu de façon différente. En effet, le fou n'est plus l'ignorant, le cerveau blessé que l'on pourrait croire, mais un simple acteur singeant les hommes qui l'entourent et leur renvoyant l'image de leur propre folie. [...]
[...] L'une des caractéristiques de cette fable, qui prend aussi part à son originalité, est qu'elle n'apporte pas aux lecteurs un enseignement facile, qu'il aurait simplement à lire et à appliquer, mais préfère l'amener à découvrir par lui-même la leçon qu'elle contient. La fable est ici détentrice d'un secret qu'elle ne révélera qu'au lecteur avisé qui aura sut réfléchir par lui-même. Ainsi La Fontaine choisit ici la méthode pédagogique qui consiste à apprendre au lecteur à penser par lui même plutôt que lui apporter simplement des connaissances. [...]
[...] Le fou joue donc la comédie, et par son jeu, s'attaque aux défauts des autres. Il fait de sa folie une satire de la folie de ceux qui l'entourent. Ce n'est donc plus lui l'ignorant et le ridicule, mais bien ceux dont il imite le comportement. Il joue donc un rôle qui, loin d'être absurde, est en fait politique, puisqu'il dénonce la sottise des courtisans. Car en effet, c'est à ces derniers que s'attaque le fou. Son jeu constitue donc une critique acerbe de la cour. [...]
[...] L'ignorant s'oppose alors au sage qui sait qu'il faut se méfier des fous. De cette manière, la folie, qui se retrouve ici en position de vendre la sagesse, va se trouver en même temps opposée à cette dernière : un fou n'est pas rationnel et ne peut donc pas être sage. Mais la fable cependant, peut apporter cette sagesse : elle constitue un enseignement, et son narrateur est un sage qui va pouvoir instruire les lecteurs. On retrouve d'ailleurs tout un vocabulaire de la sagesse : conseil ; enseignement ; sagesse ; raison ; sage ; bien conseillés Ainsi à travers le lecteur vit la recherche de la sagesse à travers les protagonistes de la fable, et pourra y accéder grâce à l'enseignement qui lui sera apporté. [...]
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