Le narrateur emploie beaucoup d'hyperboles, d'intensifs et de superlatifs pour mettre en valeur cette scène : "si admirable beauté", "à peine fut-il maître", "On ne peut exprimer", "le plus beau lieu du monde", "tellement hors de lui-même"... Dans le 2e paragraphe, c'est le narrateur qui prend lui-même la parole pour souligner le caractère exceptionnel de la scène : "c'est ce qui n'a jamais été goûté ni imaginé". Cette scène est empreinte d'une grande force grâce au cadre choisi : elle se déroule de nuit, avec un fort contraste entre l'obscurité et la lumière qui met en valeur la princesse ("beaucoup de lumières dans le cabinet", "elle prit un flambeau") ; la nuit souligne aussi la solitude des personnages (...)
[...] Le rythme des phrases est accentué par une ponctuation forte ; en effet, le point virgule permet des phrases longues qui ménagent des pauses. En décrivant les actions de la princesse, ces longues phrases donnent un rythme propre à évoquer la rêverie du personnage, la lenteur et la mélancolie des gestes. L'emploi de la juxtaposition suivie d'un mais adversatif suspend le texte comme un point d'orgue où se déploie le désir de Nemours dans toute son intensité. Il possède pour lui seul, à cet instant, cette beauté. II. [...]
[...] de Nemours ; elle s'assit et se mit à regarder ce portrait avec une attention et une rêverie que la passion seule peut donner. On ne peut exprimer ce que sentit M. de Nemours dans ce moment. Voir au milieu de la nuit, dans le plus beau lieu du monde, une personne qu'il adorait, la voir sans qu'elle sût qu'il la voyait, et la voir tout occupée de choses qui avaient du rapport à lui et à la passion qu'elle lui cachait, c'est ce qui n'a jamais été goûté ni imaginé par nul autre amant. [...]
[...] Il trouva qu'il avait eut de la folie, non pas de venir voir Mme de Clèves sans en être vu, mais à penser de s'en faire voir ; il vit tout ce qu'il n'avait point encore envisagé. Il lui parut de l'extravagance dans sa hardiesse de venir surprendre, au milieu de la nuit, une personne à qui il n'avait encore jamais parlé de son amour. Il pensa qu'il ne devait pas prétendre qu'elle le voulût écouter, et qu'elle aurait une juste colère du péril où il l'exposait par les accidents qui pouvaient arriver. Tout son courage l'abandonna, et il fût prêt, plusieurs fois à prendre la résolution de s'en retourner sans se faire voir. [...]
[...] On peut parler ici aveu car tous les signes de la passion sont manifestés sans souci des bienséances, la princesse se croyant loin de tout regard. Elle peut enfin, sans contrainte, laisser transparaître son intériorité, ce que le narrateur souligne à plusieurs reprises : que répandaient sur son visage les sentiments qu'elle avait dans le cœur ; avec une attention et une rêverie que la passion seule peut donner ; choses qui avaient du rapport à lui et à la passion qu'elle lui cachait L'aveu de la princesse est ici bien plus sincère que lors de la scène avec son mari, où elle devait encore surveiller son langage, dissimuler certains faits, et d'une certaine façon influer sur son destinataire. [...]
[...] Ici, les personnages- héros sont porteurs des signes de la passion au point d'en devenir sublimes. Il y a volonté de créer un effet de réel de la psychologie amoureuse. Passage étudié : "Les palissades étaient fort hautes, et il y en avait encore derrière, pour empêcher qu'on ne pût entrer ; en sorte qu'il était assez difficile de se faire passage. M. de Nemours en vint à bout néanmoins ; sitôt qu'il fut dans ce jardin, il n'eut pas de peine à démêler où était Mme de Clèves. [...]
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