Nous pourrions décomposer la fuite de Caïn dans « La Conscience » en plusieurs parties : la fuite est annoncée clairement au vers 3 « Caïn se fut enfui de devant Jéhovah », puis cette fuite va se décomposer en plusieurs étapes successives. Du début du poème au vers 12 : c'est la découverte de l'oeil. A partir du début à ce moment là, nous sommes en présence d'un environnement très lugubre, d'où le champs lexical de l'obscurité, de l'angoisse : « l'homme sombre, funèbres, ténèbres, tremblements ». Caïn est qualifié d' « homme sombre », certainement pour le crime qu'il a commis, celui d'avoir tué son frère Abel. Le décor ici est assez angoissant : « montagne, tempête, au pied des monts, ténèbre... ».
Au vers 7, la fuite s'achève avec la première pause de la famille. Au vers 13 jusqu'au vers 23, nous avons un nouveau départ. En effet, il arrive « dans le pays qui fut depuis Assur », et c'est à ce lieu même qu'il décide de s'arrêter avec sa famille. Le lieu qu'ils ont atteint est la limite du monde connu : « Nous avons du monde atteint les bornes ». A partir du vers 25 à 34, nous avons le commencement de la construction d'un abri pour fuir la peur qui tourmente Caïn, pour fuir l'omniprésence de l'oeil. Les vers suivants nous montrent la construction d'une ville, d'une espèce de forteresse, avec une citadelle, pour fuir toujours la permanence de l'oeil. Les derniers vers montrent l'ultime tentative d'échapper à l'oeil en l'occurrence par le biais de « la tombe ».
La tombe est synonyme d'achèvement de la progression dramatique de cette fuite de la part du personnage biblique qu'est Caïn. L'oeil de la conscience vient hanter Caïn jusque dans sa tombe. Nous remarquons donc, que le poème progresse en fonction de la fuite de Caïn, il s'établit étape par étape comme la fuite du personnage jusqu'à l'ultime solution, le tombeau synonyme de « fin de parcours » (...)
[...] Ce poème est aussi à voir comme une critique faite par Hugo sur son temps. A travers ce poème, nous pourrions aussi nous poser la question de savoir si Hugo ne décrit pas non plus l'évolution de l'humanité, du Progrès avec la fondation de la ville ( Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs soufflant dans des clairons et frappant des tambours ici, grâce au bronze, l'humanité à accès à l'Art et la technique. De plus, le caractère épique du poème est renforcé par les instruments : tambours et clairons Il ne faut pas omettre le fait que La Légende des siècles est publié en pleine révolution industrielle Paris change, est aménagé, industrialisé (Haussmann ) Hugo transpose le mythe de Caïn à son époque pour décrire son temps. [...]
[...] L'histoire de Caïn symbolise l'éveil du sens moral. Ce mythe se retrouve à plusieurs reprise dans toute la littérature mondiale, Gide dans son célèbre roman Les Faux-Monnayeurs fait allusion à l'œil, au mythe de Caïn lorsque Edouard surprend le petit Georges en train de voler un livre dans une boutique de gare : Ce fut fait si naturellement ( ) Mais non ; mon regard était toujours là ; comme l'œil de Caïn Nous retrouvons aussi cela dans la littérature de Dante, avec Caïna, l'une des strates de son Enfer ; ou bien Baudelaire avec son célèbre poème Abel et Caïn Nous pourrions décomposer la fuite de Caïn dans La Conscience en plusieurs parties : la fuite est annoncée clairement au vers 3 Caïn se fut enfui de devant Jéhovah puis cette fuite va se décomposer en plusieurs étapes successives. [...]
[...] Cela sert aussi à dramatiser la situation insoutenable de Caïn, en effet, toutes les figures de styles rencontrées à travers le poème traduisent l'angoisse de l'aïeul farouche Son entreprise de fuir sa conscience est vaine, perdue d'avance et cela nous est aussi montré par le biais des figures de styles. Il ne faut pas non plus oublier que ce texte est un poème. La fuite de Caïn est impossible car en réalité, cet œil incarne la conscience et bien plus que la conscience, il incarne celle de Caïn, c'est- à-dire, son être profond, ce qui est en lui. [...]
[...] Hugo pour attirer l'attention, utilise à plusieurs reprises les figures de rhétorique, le vers 60 répond au vers 33. Je veux habiter sous la terre : Ici, la résignation de Caïn est assez tragique, dramatique car pour lui, seule la mort pourra le libérer de ce fardeau : l'idée de mort lui devient obsédante. Hugo utilise aussi à plusieurs reprises l'oxymore : Muraille flottante (vers 30) Ce qui est intéressant de remarquer aussi, c'est que cette bâtisse qui semble imprenable ne servira en fait à rien, il y a encore un paradoxe ici, l'hyperbole y est remarquable des vers 37 à 45 : énorme et surhumaine Nous avons même l'anaphore de Bâtissons une ville Plus qu'une ville, ces hommes bâtissent une prison, un enfer : Et la ville semblait une ville d'enfer ; L'ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes Nous avons même la comparaison : Ils donnèrent aux murs l'épaisseur des montagnes ce qui renforce l'idée de peur mais surtout l'idée de terreur mise en place par cette entreprise gigantesque. [...]
[...] Au vers 13 jusqu'au vers 23, nous avons un nouveau départ. En effet, il arrive dans le pays qui fut depuis Assur et c'est à ce lieu même qu'il décide de s'arrêter avec sa famille. Le lieu qu'ils ont atteint est la limite du monde connu : Nous avons du monde atteint les bornes A partir du vers 25 à 34, nous avons le commencement de la construction d'un abri pour fuir la peur qui tourmente Caïn, pour fuir l'omniprésence de l'œil. [...]
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