Bruyère avec un art consommé brouille les pistes. Ainsi le lecteur est tenu en haleine jusqu'à la fin de ce portrait satirique. C'est une caricature par l'accumulation et la concentration de traits caractéristiques (...)
[...] Accumulation d'actions rapides et désordonnées. Répétition du verbe manger pour traduire le dégoût. Cette répétition indique aussi, outre l'importance de cette activité pour Gnathon le bien-nommé, son statut inférieur à celui de la bête dans la mesure où le glouton ne sait pas s'arrêter là où l'animal est repu. b. Un parasite sans-gêne c. Un être égocentrique : Ce n'est pas un inconscient car il sait exploiter avec talent la commisération de ses semblables. Opposition constante entre les possessifs et autrui, entre lui et les autres déniés (emploi de personne L'art du portrait : la description illustre l'affirmation initiale comme dans les livres d'emblèmes , tel celui d'Alciat. [...]
[...] Un parasite sans-gêne 3. Un être égocentrique La problématique du second serait : Comment La Bruyère utilise-t-il l'art du portrait pour faire œuvre de moraliste ? Il faudrait montrer comment après l'énoncé de la règle à illustrer (1re phrase : relevons la double antithèse qui sert à exprimer le déni, tous les hommes ensemble point ; sont n'étaient La Bruyère brouille les pistes pour attiser l'intérêt du lecteur, utilise une démarche inductive pour déboucher sur un jugement moral implicite (plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord) selon une technique proche de celle des prédicateurs Un parcours sinueux La Bruyère avec un art consommé brouille les pistes. [...]
[...] La seconde, jusqu'à la fin qui se termine par extinction du genre humain Allongement progressif des phrases, accumulation des verbes, tout y signifie la volonté expansionniste de Gnathon, jusqu'à la disparition de toute espèce, y compris l'homme Un moraliste à l'œuvre a. Un comportement asocial : Gnathon contrevient à la morale de l'honnête homme par ses excès. b. L'égocentrisme, le mépris, puis la haine des autres ; on peut noter une religion à l'envers : Gnathon se rachète au prix de l'extinction du genre humain tout le contraire du Christ en quelque sorte c. La peur cachée : Gnathon est tout entier dans l'avoir, dans le rapt et non dans l'être ou l'existence. [...]
[...] Le travers ridicule du début se transforme en un vice odieux. Le portrait s'apparente ici à un avatar abouti et profane de l'exemplum. Gnathon est un concentré de tous les comportements antisociaux. Ce qui devrait vouer le parfait égoïste à la solitude, alimente en fait sa jouissance devant la répulsion qu'il peut inspirer : il peut sans vergogne ignorer, mépriser, s'approprier l'humanité. Finalement Gnathon s'adore lui- même et, en dieu barbare, nouveau Moloch, sacrifie à lui-même tout le genre humain. [...]
[...] Ainsi nous relevons point qui s'oppose à tous tout à la fois (le tout répété qui s'oppose au néant), puis restes et traces (le reste du tout en voie d'anéantissement qui se transforme dans les traces animales du prédateur tout-puissant et méprisant). Manger chambre lit qui renvoient à des activités primaires ; Services et hardes, équipage aux biens d'usage. La fin extinction du genre humain reprend le point de la phrase initiale : la fin revient à l'origine en boucle, Gnathon se nourrit de tout ce qui l'approche avec un appétit inextinguible. Lovée au creux du texte, la faiblesse est le secret de Gnathon : cette destruction inépuisable des biens est le signe d'une inquiétude pascalienne. [...]
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