Dans cet extrait de la seconde partie, Raphaël raconte une anecdote qui s'est passée à Amaurote, la capitale de l'utopie.
Ce récit semble prendre la forme d'un apologue, en proposant une relation plaisante et satirique des faits, et en présentant une péripétie pleine de contrastes.
I ? Un récit plaisant et satirique
1) La composition du passage : le texte comporte trois paragraphes ; le premier présente le récit que va faire l'orateur, qui emploie une hyperbole, « jamais je ne l'ai mieux compris », pour marquer sa singularité, son caractère exceptionnel, en même temps qu'il insiste sur la particularité des institutions et des moeurs Utopiennes, notamment grâce à la répétition de l'adjectif « différentes », dont le premier est encore renforcé par un l'adverbe d'intensité « si ». Le second paragraphe, le plus long, rapporte le récit de l'arrivée comique des ambassadeurs, en précisant leurs intentions, puis relate la réaction des autochtones, tout aussi burlesque. Le dernier paragraphe sert de conclusion en forme de morale, puisque les ambassadeurs finissent par comprendre qu'ils ont obtenu exactement l'effet inverse de celui qu'ils recherchaient ; ils voulaient en imposer, or ce sont eux qui « rougi[ssent] » et qui sont abusés. Le texte prend donc la forme d'un apologue, avec un récit assez plaisant qui apporte un enseignement : la vanité n'est jamais récompensée.
2) La satire de la vanité : l'auteur insiste sur le fait qu'il s'agit de personnages de haut rang, « Chargés de traiter de grands intérêts », des « grands seigneurs dans leur pays », mais en voulant « apparaître comme des dieux », ils font preuve de suffisance, de componction, comme le souligne cette comparaison hyperbolique. L'auteur les ridiculise, malgré une concession ; ils ne connaissaient pas les coutumes des Utopiens. Les Anémoliens - le mot signifie « léger comme le vent, c'est-à-dire vaniteux » - veulent impressionner les Utopiens, les rabaisser, « avec plus de vanité que de sagesse », précise l'orateur (...)
[...] Thomas More (1478-1535), L'Utopie deuxième partie, extrait pp.167- 169, éd. Flammarion. Texte : Combien ces institutions, si différentes de celles des autres peuples, peuvent produire dans les esprits des impressions également différentes, jamais je ne l'ai mieux compris qu'à l'arrivée des délégués d'Anémolie. Ils vinrent à Amaurote pendant que j'y étais, chargés de traiter de grands intérêts. Aussi chaque ville avait envoyé trois citoyens pour les recevoir. Des ambassadeurs des pays voisins avaient été reçus précédemment. [...]
[...] L'utopie est souvent décrite comme l'antithèse de la réalité, afin de montrer qu'il peut y en avoir une autre, et que celle qui est visée n'est pas acceptable. [...]
[...] Le caractère plaisant de la narration et la morale qui s'en dégage dans le dernier paragraphe assimile donc ce texte à une sorte de fable, même si on peut considérer que la réaction et la naïveté des Utopiens sont un peu exagérées. Le genre de l'utopie va être utilisé par de nombreux humanistes, avec des perspectives souvent bien différentes ; par exemple dans l'œuvre de François Rabelais, avec l'abbaye de Thélème, ce rêve renaissant et anticlérical. On le retrouve également à l'époque des Lumières, autre grande période de protestation et de renouveau, dans le conte philosophique de Voltaire, Candide, avec la présentation des merveilles du pays d'Eldorado, dans le chapitre XVIII. [...]
[...] Ce récit semble prendre la forme d'un apologue, en proposant une relation plaisante et satirique des faits, et en présentant une péripétie pleine de contrastes. I Un récit plaisant et satirique : La composition du passage : le texte comporte trois paragraphes ; le premier présente le récit que va faire l'orateur, qui emploie une hyperbole, jamais je ne l'ai mieux compris pour marquer sa singularité, son caractère exceptionnel, en même temps qu'il insiste sur la particularité des institutions et des mœurs Utopiennes, notamment grâce à la répétition de l'adjectif différentes dont le premier est encore renforcé par un l'adverbe d'intensité si Le second paragraphe, le plus long, rapporte le récit de l'arrivée comique des ambassadeurs, en précisant leurs intentions, puis relate la réaction des autochtones, tout aussi burlesque. [...]
[...] Par un retournement de situation burlesque, les habitants, incrédules, finissent par se moquer d'eux. L'humour et l'ironie : cette équipée orgueilleuse est décrite avec ironie par le philosophe : Quel spectacle que de les voir relever la crête métaphore péjorative et animale, renforcée par l'exclamation. L'incompréhension, des Utopiens provoque un quiproquo comique : le peuple salue les gens de rien et ignore les ambassadeurs Ils les prennent pour des esclaves mêm les enfnts se moquent d'eux et le discours direct rapporte leurs propos péjoratifs. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture