La situation est désespérée : pour avoir tué Adraste, son rival et prétendant officiel auprès de la princesse Isabelle, Clindor a été condamné à mort. L'attente de son exécution est pour Isabelle l'heure de vérité. Dans ce monologue, première scène de l'acte IV, la jeune femme déplore son amant et fait part de son extrême trouble.
I- Le monologue d'une maîtresse éplorée
Lorsque Clindor a été condamné à mort, Isabelle entreprend un long monologue pathétique qui trouvera en écho celui, non moins pathétique de Clindor (acte IV, scène 7).
a- Une structure cyclique
L'analyse de ce monologue révèle une structure circulaire, au service du thème de la femme éplorée et qui structure la comédie amoureuse d'un père opposé aux amours de jeunes gens dont l'un des deux est un enfant, mais dont le registre est tragique.
On retrouve ainsi :
- vers 1 à 12
Clindor semble être la victime de tous et Isabelle déplore que son père s'acharne sur lui.
- vers 13 à 26
La jeune femme apostrophe son amant et lui témoigne l'injustice de sa condamnation.
- vers 27 à 36
Par la récurrence des marques de la première personne du singulier, Isabelle se plaint sur son pauvre sort et évoque plusieurs fois le suicide. Le registre est tragique par excellence (...)
[...] Jusqu'à la période baroque, le théâtre est cantonné à la comédie et à la farce du Moyen Âge. Reprenant certains personnages de la commedia dell'arte, Corneille tente un renouvellement du théâtre par la tragi- comédie, genre théâtral baroque par excellence. Ainsi, il s'est illustré dans de nombreuses comédies, comme sa première œuvre Mélite (1629), La Place royale (1634) ou Le Menteur (1643), pièce qui inspirera les comédies de mœurs de Molière. L'Illusion comique est une comédie en cinq actes et en vers, publiée pour la première fois en 1639 mais jouée en 1635-1636. [...]
[...] Dans ce monologue, première scène de l'acte IV, la jeune femme déplore son amant et fait part de son extrême trouble. Le monologue d'une maîtresse éplorée Lorsque Clindor a été condamné à mort, Isabelle entreprend un long monologue pathétique qui trouvera en écho celui, non moins pathétique de Clindor (acte IV, scène 7). Une structure cyclique L'analyse de ce monologue révèle une structure circulaire, au service du thème de la femme éplorée et qui structure la comédie amoureuse d'un père opposé aux amours de jeunes gens dont l'un des deux est un enfant, mais dont le registre est tragique. [...]
[...] - vers 27 à 36 Par la récurrence des marques de la première personne du singulier, Isabelle se plaint sur son pauvre sort et évoque plusieurs fois le suicide. Le registre est tragique par excellence. - vers 37 à 50 Par une apostrophe oratoire, Isabelle s'adresse à son père en évoquant le souhait de le tourmenter après sa mort. Là encore, la thématique est celle du tragique. Le vers 50 (Et te réduire au point de me porter envie) répond alors au vers 4 (Et faire une vengeance au lieu d'un châtiment) : la vengeance de la fille renvoie alors à celle du père évoquée au début du monologue. [...]
[...] II- Un monologue tragique intégré dans une comédie Si ce monologue d'Isabelle après la condamnation à mort de Clindor est à l'évidence tragique, d'un point de vue dramaturgique, il s'intègre dans la comédie. Un monologue inscrit dans la comédie À ce moment de la pièce, les spectateurs ont bien sûr en mémoire des faits qui s'inscrivent dans la comédie : l'amour paternel de Pridamant, l'illusion des spectres parlants d'Alcandre et la présence de Matamore le prouvent. De même, il est tout à fait conscient de la duplicité amoureuse de Clindor qui, outre Isabelle, courtise Lyse. [...]
[...] Ainsi, même s'il est tragique, le monologue d'Isabelle est encadré de scènes comiques. Conclusion Le monologue est un moment difficile au théâtre, tant pour le spectateur que pour l'auteur et le comédien : les deux derniers doivent maintenir l'intérêt du premier. Mais, c'est aussi un moment d'introspection au cours duquel le personnage revient sur le passé, s'interroge sur l'avenir et se questionne quant à son ressenti. Contre toute attente, ce seul monologue d'Isabelle est une scène originale : avec un indéniable accent tragique, il est cependant enchâssé entre deux scènes de comédie. [...]
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