Si dans l'Examen Corneille écrit : « Le cinquième [acte] est une tragédie », cette dernière scène de l'acte ramène le lecteur-spectateur dans l'univers de la comédie. Dans la scène précédente, Pridamant a assisté impuissant à l'assassinat de son fils. Dans celle-ci, il est accablé par les sarcasmes d'Alcandre, jusqu'à ce que ce dernier lui montre les funérailles de son fils, au cours desquelles Clindor et ses compagnons, bien vivants, se partagent de l'argent. Ils sont en fait devenus des comédiens et viennent d'achever la représentation d'une tragédie. Cette longue tirade d'Alcandre s'inscrit dans ce contexte et figure une véritable apologie du théâtre français.
I- Une défense du théâtre
La tirade d'Alcandre suit une courte intervention de Pridamant qui récuse le métier de comédien de son fils (« Est-ce là cette gloire et ce rang d'honneur »), alors qu'il vient à peine de se remettre de l'illusion de sa mort, ainsi qu'en témoigne l'antithèse : « J'ai pris sa mort pour vraie, et ce n'était que feinte ». Alors que dans le premier acte son fils lui a été présenté comme un homme entreprenant aux multiples talents, sa déception souligne ici sa méconnaissance des valeurs du théâtre. Ce caractère insatisfait va obliger le mage à défendre le théâtre par un véritable plaidoyer.
a- Un éloge
Dès les premiers vers, Alcandre souligne l'évolution récente du théâtre, en opposant le terme votre temps (vers 3), qui fait référence à l'âge de Pridamant et sa conception éculée de ce spectacle, à des adverbes actualisateurs de temps : à présent (vers 1), aujourd'hui (vers 4). Cette opposition engendre naturellement une évolution des temps de conjugaison, le présent (Est, idolâtre, vers 2) remplaçant l'imparfait (voyait, vers 3) (...)
[...] Cette longue tirade d'Alcandre s'inscrit dans ce contexte et figure une véritable apologie du théâtre français. Une défense du théâtre La tirade d'Alcandre suit une courte intervention de Pridamant qui récuse le métier de comédien de son fils Est-ce là cette gloire et ce rang d'honneur alors qu'il vient à peine de se remettre de l'illusion de sa mort, ainsi qu'en témoigne l'antithèse : J'ai pris sa mort pour vraie, et ce n'était que feinte Alors que dans le premier acte son fils lui a été présenté comme un homme entreprenant aux multiples talents, sa déception souligne ici sa méconnaissance des valeurs du théâtre. [...]
[...] - Un discours hyperbolique Mais cette stratégie argumentative ne se limite pas à un plaidoyer autoritaire. Elle recourt également à l'usage d'un discours basé essentiellement sur l'exagération de la mise en valeur du théâtre par des hyperboles comme ses illustres soins (vers 10) ou encore un spectacle si beau (vers 11). II- Un art en plein essor Des publics variés Contribuant à l'éloge du théâtre, pendant toute la durée de sa tirade, Alcandre plaide pour un art qui séduit tous les publics, grâce à une énumération soulignée par une gradation. [...]
[...] Un argumentaire autoritaire - Un plaidoyer autoritaire Plus qu'un simple éloge, Alcandre effectue un véritable plaidoyer autoritaire : .avec notamment l'emploi de l'impératif en début et fin de tirade : Cessez de vous en plaindre (vers et Défaites-vous enfin de cette erreur commune, / Et ne vous plaignez plus de sa bonne fortune (vers 25-26) . majoré par des termes mélioratifs comme Les délices ou le plaisir (vers 7). L'influence et l'autorité d'Alcandre permettent ainsi une argumentation plus convaincante, qui mystifie les plaintes de Pridamant. [...]
[...] L'Illusion comique est une comédie en cinq actes et en vers, publiée pour la première fois en 1639 mais jouée en 1635-1636. Interprétée avec succès à sa création, la pièce tombe dans l'oubli au XVIIIe siècle ; le XIXe la redécouvre ; après une nouvelle éclipse, elle ne quitte pratiquement plus l'affiche depuis 1965. Elle s'écarte profondément des comédies que l'auteur a écrites jusque-là et représente un défi théâtral important, se situant à la rencontre de plusieurs genres théâtraux comme Corneille l'annonce lui- même dans l'Examen : Le premier acte ne semble qu'un prologue, les trois suivants forment une pièce que je ne sais comment nommer Le cinquième est une tragédie assez courte Tout cela cousu ensemble fait une comédie. [...]
[...] Des verbes comme étale (vers consacrent (vers voit (vers 19) et donnent (vers 20) décrivent de manière subjective l'apport du théâtre dans la société, révélant une fois encore le point de vue de l'auteur. L'essor de la culture française Dans la société du XVIIe siècle, le théâtre s'impose progressivement comme un miroir indispensable, un lieu de divertissement mais également de réflexion. Du reste, à cette époque, les transformations du théâtre sont nombreuses : - le public change. De masculin et populaire, l'engouement atteint les classes supérieures - les inventions comme les changements de décor sur scène permettent de diversifier les représentations (et donc la présence des spectateurs). [...]
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