Dans une pièce de théâtre, le noeud de l'action coïncide avec l'obstacle majeur que rencontrent les protagonistes. Cet obstacle peut être intérieur ou extérieur : intérieur, quand il naît d'une tendance ou d'une passion qui est en eux (l'avarice d'Harpagon par exemple, dans L'Avare de Molière) ; extérieur, lorsque la volonté du héros se heurte à celle d'un autre (comme ici, à l'autoritarisme de Géronte).
I- L'autoritarisme de Géronte
a- Un personnage obstiné
Dans la première scène de l'acte, en représentant de l'autorité et partisan du mariage de raison, riche et convenable, contre le mariage d'amour, Géronte s'est déjà heurté avec sa fille dont il ne comprend pas le refus d'épouser Adraste.
Dans la scène 2, en personnage de comédie du « père-obstacle », son monologue est celui d'un père obstiné qui ne changera pas d'avis, personnage mis en valeur par le champ lexical de l'autorité : tyrannies (vers 2), impuissants (vers 3), notre empire (vers 6), nos élections (vers 8)...
Dans la scène 3, il affronte Matamore. Prompt et colérique, le présent de vérité générale (ai, vers 27 ; fait, vers 33 ; est, vers 35 ; croit, vers 37...) insiste sur cette idée monolithique qui ne change pas (...)
[...] Tout comme Molière, Corneille y critique les pères mariant leur fille pour de l'argent. [...]
[...] T E X T E Acte III, scène 2 GÉRONTE Qu'à présent la jeunesse a d'étranges manies ! Les règles du devoir lui sont des tyrannies, Et les droits les plus saints deviennent impuissants À l'empêcher de courre après son propre sens Mais c'est l'humeur du sexe : il aime à contredire Pour secouer s'il peut le joug de notre empire Ne suit que son caprice en ses affections, Et n'est jamais d'accord de nos élections N'espère pas pourtant, aveugle et sans cervelle Que ma prudence cède à ton esprit rebelle. [...]
[...] Où sont vos ennemis, que j'en fasse un carnage ? GÉRONTE Monsieur, grâces aux dieux, je n'ai point d'ennemis. MATAMORE Mais grâces à ce bras qui vous les a soumis. GÉRONTE C'est une grâce encor que j'avais ignorée. MATAMORE 30 Depuis que ma faveur pour vous s'est déclarée, Ils sont tous morts de peur, ou n'ont osé branler. GÉRONTE C'est ailleurs maintenant qu'il vous faut signaler : Il fait beau voir ce bras plus craint que le tonnerre Demeurer si paisible en un temps plein de guerre Et c'est pour acquérir un nom bien relevé, D'être dans une ville à battre le pavé ! [...]
[...] L'Illusion comique est une comédie en cinq actes et en vers, publiée pour la première fois en 1639 mais jouée en 1635-1636. Interprétée avec succès à sa création, la pièce tombe dans l'oubli au XVIIIe siècle ; le XIXe la redécouvre ; après une nouvelle éclipse, elle ne quitte pratiquement plus l'affiche depuis 1965. Elle s'écarte profondément des comédies que l'auteur a écrites jusque-là et représente un défi théâtral important, se situant à la rencontre de plusieurs genres théâtraux comme Corneille l'annonce lui- même dans l'Examen : Le premier acte ne semble qu'un prologue, les trois suivants forment une pièce que je ne sais comment nommer Le cinquième est une tragédie assez courte Tout cela cousu ensemble fait une comédie. [...]
[...] Grand Vizir : Premier ministre de l'Empire ottoman. Tartare : peuple d'Asie centrale. Narsingue et Calicut : noms de deux royaumes de l'Inde sur la côte de Malabar, alors considérés comme les pays de l'or et des pierres précieuses. Battre : se battre. Ventre : abréviation du juron ventrebleu Faites votre équipage : faites vos bagages. 10) L'entretenir : lui parler. 11) Rodomontades : vantardises. Corneille, L'Illusion comique, Acte III scènes 2 et 3 ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Pierre Corneille (1606-1684) est un dramaturge français. [...]
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