Lassé de la sévérité de son père, Clindor s'est enfui de chez lui pour chercher l'aventure. Regrettant amèrement ses rigueurs passées, Pridamant le recherche en vain depuis dix ans. En désespoir de cause, il se laisse convaincre par son vieil ami Dorante de consulter un mage. Alcandre est progressivement présenté : d'abord par Dorante qui brosse son portrait (scène 1), puis directement en apparaissant à la scène 2. Dans cette scène, il révèle à Pridamant les mésaventures de son fils devenu picaro.
I- La présentation de Clindor
a- Le spectacle d'une vie
Si depuis le début de la pièce, le spectateur assiste à la représentation de la pièce de Corneille, dans cette scène, il est également présent au spectacle qu'Alcandre va dévoiler. Ce dernier apparaît donc comme le metteur en scène de la « deuxième » pièce qui va se jouer : la double énonciation et l'ambiguïté des termes spectacle et yeux (vers 4) suggèrent la représentation de la vie de Clindor.
Avec courtoisie et tact, Alcandre ménage l'amour paternel de Pridamant par un euphémisme de la réalité, débutant les commentaires par des termes valorisants comme grand seigneur (vers 1) et honneur (vers 2), afin de l'amener à prendre connaissance de la vie de Clindor par une sorte de « gradation » vers la réalité : misère (vers 3).
b- Un personnage essentiellement picaresque
Véritable contrepoint à l'idéal chevaleresque, Clindor est présenté comme un picaro, antihéros du théâtre espagnol fort à la mode en France à cette époque, ainsi que les références Buscon, Lazarille de Tormes (vers 23) et Sayavèdre et Gusman (vers 24) le suggèrent. Cette tradition picaresque est spécifique de la littérature baroque et interdite durant le classicisme (...)
[...] - était père de famille avec huit enfants. De fait, le picaro a quitté études et logis familial pour mener une vie aventureuse, se rebellant contre l'autorité paternelle et exerçant parfois des travaux peu recommandables. Conclusion Cette scène présente manifestement toutes les marques d'un texte baroque : - présentant un personnage principal picaresque, instable, versatile, amoral et trop indépendant pour supporter les contraintes d'une vie rangée - privilégiant les apparences, l'irréel et les images saisissantes - donnant des indices au lecteur, en tant que partie d'une pièce à énigmes. [...]
[...] 10) Sayavèdre et Gusman : héros de roman picaresque espagnol. 11) Tenu : obligé. 12) Exercice : métier. 13) Commission : emploi. 14) Pistoles : ancienne monnaie d'or. Corneille, L'Illusion comique, Acte I scène 3 ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Pierre Corneille (1606-1684) est un dramaturge français. Ses pièces font surtout écho aux tournures du Grand Siècle et il y reflète les valeurs comme l'honneur et les grandes interrogations d'alors, sur le pouvoir, la guerre civile ou la lutte pour le trône. [...]
[...] Cette tradition picaresque est spécifique de la littérature baroque et interdite durant le classicisme. Il apparaît comme le type même du personnage picaresque : - instable Déjà suggérée par le pluriel et la diérèse sur actions (vers l'absence de passion qui semble animer Clindor est soulignée par : .la récurrence des passés simples, courts et nombreux : prit (vers dura (vers vendit (vers Dit (vers . une série de travaux disparates : vendre Des brevets (vers Di[re] la bonne aventure (vers secrétaire (vers clerc de notaire (vers 12) . [...]
[...] Si l'on y apprend qu'Alcandre renseigne Pridamant sur son fils, un picaro qui a fui l'autorité paternelle, il suggère également que le personnage du mage est important, doté de pouvoirs magiques considérables et metteur en scène au pouvoir théâtral Ce mélange entre tragédie grecque, pastorale et style picaresque déstabilise et donne une première définition d'une pièce étonnante et extraordinaire qui livre un condensé du théâtre. Si Corneille fait l'apologie du théâtre dans son oeuvre, avec cette mise en abyme, il met en scène le théâtre dans le théâtre et pose également la question de l'effet miroir du théâtre : est-ce un simple mensonge poétique comme certains voudraient le faire croire, ou est-ce le miroir du monde réel ? [...]
[...] Dans cette scène, il révèle à Pridamant les mésaventures de son fils devenu picaro. La présentation de Clindor Le spectacle d'une vie Si depuis le début de la pièce, le spectateur assiste à la représentation de la pièce de Corneille, dans cette scène, il est également présent au spectacle qu'Alcandre va dévoiler. Ce dernier apparaît donc comme le metteur en scène de la deuxième pièce qui va se jouer : la double énonciation et l'ambiguïté des termes spectacle et yeux (vers suggèrent la représentation de la vie de Clindor. [...]
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