(...) La pièce présente plusieurs caractéristiques propres au genre : les personnages grecs, le naufrage ainsi que le caractère d'Euphrosine tendent vers la tragédie. Mais il s'agit bien d'une comédie : confusion des sentiments, échanges de pouvoir entre maîtres et valets, l'aspect résolument comique du personnage d'Arlequin et enfin une conclusion qui retourne à la situation initiale avec la reprise du pouvoir par les maîtres, particulièrement propre à la comédie.
L'expérience de l'inversion sociale entre maîtres et valets touche à sa fin. Dans cette scène, Arlequin et Iphicrate entament une conversation sur la nature des relations qui unissent le maître à l'esclavage. Scène de résolution entre les deux protagonistes, elle règle donc la situation d'abord par l'apparent retour à la situation initiale, et ensuite en livrant une leçon d'humanité.
I- L'apparence du retour à la situation initiale
a- Une scène de bilan
Assez rapidement au cours du dialogue, les personnages évoquent les relations qu'ils entretenaient avant le naufrage, donnant lieu aux temps du passé (comme par exemple : De ton audace et de tes mépris envers ton maître ; rien ne m'a été si sensible, je l'avoue. Tu es né, tu as été élevé avec moi dans la maison de mon père ; le tien y est encore ; il t'avait recommandé ton devoir en partant ; moi-même je t'avais choisi par un sentiment d'amitié pour m'accompagner dans mon voyage ; je croyais que tu m'aimais, et cela m'attachait à toi, lignes 18 à 22). Chacun fait le bilan de ses souffrances, Iphicrate sur l'île des esclaves, mais surtout Arlequin qui répond aux récriminations de son maître en lui rappelant son rude et dur passé à Athènes (...)
[...] Un maître plus humain Au cours du dialogue, Iphicrate se laisse progressivement gagner par la bienveillance et l'humanité de son valet. Au début, il laissait libre cours aux reproches (D'ailleurs, ne fallait-il pas te corriger de tes défauts ligne 31 ; Va, tu n'es qu'un ingrat, ligne 35). Puis, peu à peu : - les expressions méprisantes vont laisser place à des termes affectueux et valorisants. Ses propos se chargent d'indulgence et de sensibilité, comme en atteste l'emploi réitéré d'expressions comme Mon cher Arlequin (ligne 48) ou mon cher enfant (ligne 50). [...]
[...] - Tu as raison, mon ami ; tu me remontres bien mon devoir ici pour 40 toi ; mais tu n'as jamais su le tien pour moi, quand nous étions dans Athènes. Tu veux que je partage ton affliction, et jamais tu n'as partagé la mienne. Eh bien va, je dois avoir le cœur meilleur que toi ; car il y a plus longtemps que je souffre, et que je sais ce que c'est que de la peine. Tu m'as battu par amitié : puisque tu le dis, je te le pardonne ; je t'ai raillé par bonne humeur, prends-le en bonne part, et fais-en ton 45 profit. [...]
[...] - Parce que je me moque un brin de toi, cela empêche-t-il que je t'aime ? Tu disais bien que tu m'aimais, toi, quand tu me faisais battre ; est-ce que les étrivières ( sont plus honnêtes que les moqueries ? IPHICRATE. - Je conviens que j'ai pu quelquefois te maltraiter sans trop de sujet. ARLEQUIN. - C'est la vérité IPHICRATE. - Mais par combien de bontés n'ai-je pas réparé cela ! ARLEQUIN. - Cela n'est pas de ma connaissance. IPHICRATE. - D'ailleurs, ne fallait-il pas te corriger de tes défauts ? [...]
[...] Chacun fait le bilan de ses souffrances, Iphicrate sur l'île des esclaves, mais surtout Arlequin qui répond aux récriminations de son maître en lui rappelant son rude et dur passé à Athènes (Parce que je me moque un brin de toi, cela empêche-t- il que je t'aime ? Tu disais bien que tu m'aimais, toi, quand tu me faisais battre ; est-ce que les étrivières sont plus honnêtes que les moqueries lignes 25 à 27 Il reprend alors les termes par lesquels Iphicrate se lamente : les allusions répétées à l'affliction du maître et aux défauts de l'esclave témoignent d'un désir de comparer la situation de chacun, notamment avec le jeu des pronoms possessifs (J'ai plus pâti des tiens que des miens ; mes plus grands défauts, c'était ta mauvaise humeur, ton autorité, et le peu de cas que tu faisais de ton pauvre esclave, lignes 33- 34). [...]
[...] - De ton audace et de tes mépris envers ton maître ; rien ne m'a été si sensible, je l'avoue. Tu es né, tu as été élevé avec moi dans la maison de mon père ; 20 le tien y est encore ; il t'avait recommandé ton devoir en partant ; moi-même je t'avais choisi par un sentiment d'amitié pour m'accompagner dans mon voyage ; je croyais que tu m'aimais, et cela m'attachait à toi. ARLEQUIN, pleurant. - Eh ! [...]
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