- Pierre Carlet de Chamberlain de Marivaux est un auteur français du siècle des lumières. Il fut journaliste, romancier et dramaturge. Il écrivit de nombreuses comédies dont Le jeu de l'amour et du hasard et Les fausses confidences qui traitent de "la métaphysique du coeur", ce qu'on a appelé « le marivaudage ».
- Marivaux était un utopiste, qui utilisa le théâtre comme un lieu d'expérimentation sociale, par exemple dans ses oeuvres L'Ile des esclaves (1725) où maitres et serviteurs échangent leurs rôles, ou La colonie (1750) où les femmes veulent établir une république.
- L'Ile des esclaves est une comédie en un acte, onze scènes, en prose. Cette pièce est à la fois une satire sociale et un regard de moraliste sur l'homme. L'objectif de l'auteur est de faire réfléchir les spectateurs à de nouveaux rapports sociaux au moyen de l'utopie. Réutilisant le couple traditionnel maître-valet, Marivaux se livre à deux exercices concomitants : le laboratoire utopique et la comédie de moeurs. Il joue également sur deux registres, le comique et le pathétique afin de mieux faire accepter la critique très novatrice pour l'époque.
- Nous sommes ici à la scène 2, juste après la scène d'exposition. Trivelin explique les conditions de vie des personnages sur l'ile des esclaves (...)
[...] LECTURE - Nous aurons une approche en 2 parties, afin de répondre à la question qui nous a été posée en quoi cette tirade illustre-t-elle le principe idéal qui règne sur l'ile ? ou en quoi cette tirade est-elle un cours d'humanité avec la mise en place d'un projet thérapeutique» ? - Dans un premier temps, nous verrons en quoi Trivelin est un chef idéal, à la fois homme de loi et homme raisonnable et bienveillant. Puis, nous étudierons l'expérience qu'il propose, à savoir, soigner le mal par le mal afin de faire prendre conscience aux maitres de leurs erreurs. [...]
[...] L'Ile des esclaves, Marivaux Scène la tirade de Trivelin TRIVELIN. Ne m'interrompez point, mes enfants ; je pense donc que vous savez qui nous sommes. Quand nos pères, irrités de la cruauté de leurs maîtres, quittèrent la Grèce et vinrent s'établir ici, dans le ressentiment des outrages qu'ils avaient reçus de leurs patrons, la première loi qu'ils y firent fut d'ôter la vie à tous les maîtres que le hasard ou le naufrage conduirait dans leur île, et conséquemment de rendre la liberté à tous les esclaves : la vengeance avait dicté cette loi ; vingt ans après la raison l'abolit, et en dicta une plus douce. [...]
[...] Il utilise un jeu de miroirs entre ‘nous' les habitants de l'ile et ‘vous' les maitres avec l'abondance des pronoms personnels ‘nous' et ‘vous' comme dans ‘nous ne nous vengeons plus de vous, nous vous corrigeons'. Le jeu de miroirs est également présent avec le parallélisme de construction et l'opposition des adjectifs, deux à deux dans injustes et superbes' et ‘humains, raisonnables et généreux'. Le rythme ternaire de ces groupes d'adjectifs renforce l'assurance de Trivelin. En renommant l'esclavage cours d'humanité' Trivelin va permettre aux maitres de prendre conscience de leurs erreurs. [...]
[...] L'Ile des esclaves, Marivaux Scène la tirade de Trivelin INTRODUCTION - Pierre Carlet de Chamberlain de Marivaux est un auteur français du siècle des lumières. Il fut journaliste, romancier et dramaturge. Il écrivit de nombreuses comédies dont Le jeu de l'amour et du hasard et Les fausses confidences qui traitent de "la métaphysique du cœur", ce qu'on a appelé le marivaudage - Marivaux était un utopiste, qui utilisa le théâtre comme un lieu d'expérimentation sociale, par exemple dans ses œuvres L'Ile des esclaves (1725) où maitres et serviteurs échangent leurs rôles, ou La colonie (1750) où les femmes veulent établir une république. [...]
[...] Un homme de loi En utilisant la première personne du pluriel ‘nous', dès sa seconde phrase, Trivelin s'adresse aux naufragés en tant que représentant des insulaires, et non à titre personnel. Ce ‘nous' représente l'institution. Trivelin a donc un rôle politique. Il affirme son autorité en employant l'impératif dès le début m'interrompez point'. Il domine ses auditeurs en ayant une attitude paternelle en les nommant enfants'. Puis il utilise d'autres phrases injonctives ‘mettez à profit', ‘remerciez' et beaucoup d'affirmations catégoriques ‘nous vous corrigeons', ‘nous vous jetons', ‘nous vous humilions', ainsi qu'un vocabulaire extrêmement soutenu ‘conséquemment', cet égard' En ayant recours à l'asyndète, il se fait convaincant. [...]
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