La scène d'exposition de l'oeuvre a fait part du naufrage du bateau d'Arlequin, un valet, et de son maître Iphicrate, qui échouent sur une île étrange possédant ses propres coutumes et lois, peuplée d'esclaves grecs révoltés contre leurs maîtres. Dans la scène 2, l'arrivée de Trivelin, le représentant des insulaires, amène l'illusion théâtrale du changement d'état et de la nouvelle loi de l'île. Cette illusion apparaît d'abord à travers l'inversion des noms, puis des vêtements et enfin des conditions sociales. Ce sont essentiellement les costumes qui soulignent cette inversion des rôles, procédé de mise en abyme souvent utilisé par Marivaux : c'est le théâtre dans le théâtre. Ce personnage va alors permettre au lecteur de prendre connaissance de l'évolution de la loi sur l'île, révélant le moteur du « cours d'humanité » administré aux occupants et certains aspects de la philosophie de Marivaux puisqu'il ne s'agit finalement pas de renverser l'ordre social mais de lui donner un visage plus humain.
I- L'évolution de la loi sur l'île
Les lois de la république insulaire définissent précisément les règles auxquelles sont soumis les nouveaux venus. Tout d'abord, au début de la scène, maîtres et esclaves ont dû échanger rôles, noms et habits, les premiers exprimant librement leur colère, et les seconds se réjouissant de leur nouvelle situation. Mais cette tirade de Trivelin construit le sens de la pièce en faisant état de l'évolution de la loi sur l'île, informant le lecteur-spectateur de la menace qui pèse sur ceux qui n'auront pas bonifiés leur humanité après le séjour (...)
[...] C'est ainsi qu'il s'attache à la comédie, qu'il remodèle en exploitant toutes les ressources offertes par les Comédiens-Italiens et leurs traditions de jeu. Ses pièces possèdent un aspect expérimental qui les éloigne de la comédie de mœurs réaliste à la mode. Marivaux joue avec les codes de la comédie en faisant représenter sur la scène de la Comédie-Italienne des pièces féeriques (Arlequin poli par l'amour), romanesques (Le Prince travesti) et utopiques (L'Île des esclaves). En outre, il inaugure une forme promise au succès : la comédie de sentiment. [...]
[...] Je pense donc que vous savez qui nous sommes. Quand nos pères irrités de la cruauté de leurs maîtres, quittèrent la Grèce et vinrent s'établir ici, dans le ressentiment des outrages qu'ils avaient reçus de leurs patrons, la première loi qu'ils y firent fut d'ôter la vie à tous les 5 maîtres que le hasard ou le naufrage conduirait dans leur île, et conséquemment de rendre la liberté à tous les esclaves : la vengeance avait dicté cette loi ; vingt ans après, la raison l'abolit, et en dicta une plus douce. [...]
[...] De fait, utilisé dans son sens premier de remettre droit le verbe sera repris tout au long de la scène, notamment dans cet extrait avec : Nous ne nous vengeons plus de vous, nous vous corrigeons (lignes 8). L'intérêt de la métaphore filée La métaphore filée de la maladie et du soin s'adresse à un mal moral, celui du corps social, qui est représenté ici comme une maladie individuelle : salutaire (ligne mauvais état (ligne guérir (ligne malades (ligne sains (ligne 20). [...]
[...] C'est ainsi que Trivelin, ancien esclave, est lui aussi entièrement associé à cette cure. Son argumentation est ainsi un mélange de persuasion, faisant appel aux sentiments (notamment ressentiment, ligne 3 ; et superbes, ligne et de conviction. Conclusion Cette tirade du représentant des insulaires est importante dans la mesure où elle précise au lecteur-spectateur ce qu'il a entrevu dès la première scène avec le refus d'obéir grandissant d'Arlequin, et où elle permet de comprendre également les intentions de Marivaux quant au déroulement général de la pièce. [...]
[...] Dans la scène l'arrivée de Trivelin, le représentant des insulaires, amène l'illusion théâtrale du changement d'état et de la nouvelle loi de l'île. Cette illusion apparaît d'abord à travers l'inversion des noms, puis des vêtements et enfin des conditions sociales. Ce sont essentiellement les costumes qui soulignent cette inversion des rôles, procédé de mise en abyme souvent utilisé par Marivaux : c'est le théâtre dans le théâtre. Ce personnage va alors permettre au lecteur de prendre connaissance de l'évolution de la loi sur l'île, révélant le moteur du cours d'humanité administré aux occupants et certains aspects de la philosophie de Marivaux puisqu'il ne s'agit finalement pas de renverser l'ordre social mais de lui donner un visage plus humain. [...]
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