Selon plus d'un commentaire, l'une des particularités du héros du livre réside dans la simplicité avec laquelle il aborde la vie, ce que manifeste la place occupée par les sensations. Ce trait, souvent occulté par cette fameuse indifférence aux choses essentielles (la mort de la mère, la promotion professionnelle, le mariage ...) fait de Meursault une sorte d'animal primitif, exerçant un rapport avec le monde qui l'entoure à travers le seul biais de la perception sensible. Ceci est particulièrement manifeste lorsqu'on réfléchit sur la place que prennent la lumière et la chaleur dans l'oeuvre de Camus. A y regarder de près, le soleil accompagne presque tous les épisodes du roman : il est la cause de l'étourdissement de Meursault au début du roman, lorsqu'il prend le bus pour aller enterrer sa mère, il est la cause de l'aveuglement qui précède le meurtre, selon les dires de Meursault lui-même et enfin, il est présent à la fin du livre à travers cette aube qui signifie à la fois l'exécution de Meursault mais aussi le salut final, le nouvel horizon qui permet à la vie tout entière d'avoir du sens. Pas étonnant donc que le nom du personnage principal contienne une tonalité proche du nom « soleil » (sault, sol en espagnol signifie « soleil »).
La place proéminente des sens et de la perception sensible s'observe également à travers la relation avec Marie. Ce qui intéresse le personnage dans cette relation, ce sont les plaisirs corporels, charnels, tout ce qui se passe à travers les sens et la perception sensible, notamment le toucher. Faisant fi de toutes les conventions sociales liées à l'amour, à commencer par le mariage, Meursault se concentre sur l'aspect animal de la relation, le contact de « deux corps bruns » et le vent qui les caresse. En cela il montre également à quel point il est déterminé par les sensations et par ce que celles-ci peuvent lui apporter : n'est-ce pas ainsi qu'il explique le meurtre de l'Arabe ? (...)
[...] Là se situe la différence, soulignée plus haut, entre Meursault et le héros de Dostoïevski : ce dernier se convertit au christianisme et comprend, grâce au Christ, l'ampleur du péché ; le héros de Camus, lui, doit passer par une réflexion sur l'homme et sur sa condition afin d'accepter sa mort et attendre les cris de haine qui l'accompagnent. Il sort ainsi de son étrangeté et intègre la communauté humaine définitivement. L'homme, autre découverte faite au fur et à mesure du roman est un étranger dans un monde qui lui est, lui aussi, étranger. [...]
[...] Le personnage de Meursault incarne cette règle de vie, et ce qui suit : la révolté (voir l'épilogue), la liberté (il n'est plus le jouet du destin car il prend conscience du caractère privilégié de tous les hommes et ne refuse donc plus la mort) et la passion, le rapport au monde à travers les sensations, qu'incarne cette dernière pensée à sa mère, celle qui permet de voir ce qui les rapproche. Cependant, c'est le rapport à la mort de sa mère qui éclaire le personnage de Meursault d'une façon encore plus profonde. Ce dernier ne pleure pas à l'enterrement de sa mère. [...]
[...] Vu les positions de Camus sur la guerre d'Algérie et la condamnation sans appel du terrorisme, quelle que soit sa couleur politique, on aura du mal à ranger l'auteur de Caligula parmi les immoraux ou les amoraux N'oublions pas non plus que le romancier est souvent exposé à ce genre de reproches : il suffit de penser à la réception de Madame Bovary, qui a valu à Flaubert un procès lui reprochant le caractère immoral de l'œuvre. Le romancier doit-il incarner, dans sa fiction, des valeurs morales ? [...]
[...] 1 L'étranger / Albert CAMUS Synthèse sur l'œuvre 2 Si tu veux être philosophe, écris des romans ( A. Camus) Le héros Le personnage et les sens Selon plus d'un commentaire, l'une des particularités du héros du livre réside dans la simplicité avec laquelle il aborde la vie, ce que manifeste la place occupée par les sensations. Ce trait, souvent occulté par cette fameuse indifférence aux choses essentielles (la mort de la mère, la promotion professionnelle, le mariage ) fait de Meursault une sorte d'animal primitif, exerçant un rapport avec le monde qui l'entoure à travers le seul biais de la perception sensible. [...]
[...] Ce qui intéresse le personnage dans cette relation, ce sont les plaisirs corporels, charnels, tout ce qui se passe à travers les sens et la perception sensible, notamment le toucher. Faisant fi de toutes les conventions sociales liées à l'amour, à commencer par le mariage, Meursault se concentre sur l'aspect animal de la relation, le contact de deux corps bruns et le vent qui les caresse. En cela il montre également à quel point il est déterminé par les sensations et par ce que celles-ci peuvent lui apporter : n'est-ce pas ainsi qu'il explique le meurtre de l'Arabe ? [...]
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