Commentaire rédigé d'un passage du chapitre 5 de L'Enfant de Jules Vallès, dans lequel l'auteur évoque une remise des prix qui tourna pour lui au cauchemar. Commentaire qui va de "La distribution des prix est dans trois jours" à "Elevez l'enfant aux cornichons !".
[...] L'auteur restitue l'atmosphère de ces jours en bousculant la temporalité et en mêlant plusieurs voix narratives ; le caractère cauchemardesque de l'événement est montré par les nombreuses exagérations du passage. Le vêtement est l'un des thèmes récurrents de l'œuvre ; symbole social et identitaire, il est régulièrement évoqué dans ce roman autobiographique comme une source de souffrance. Le chapitre 5 lui est entièrement consacré, et le mot de la fin concerne une nouvelle fois la toilette : Jacques s'étant battu en duel, sa mère lui fait encore des reproches : Une autre fois, Jacques, mets au moins ton vieux pantalon ! [...]
[...] Elle joue avec les boutons verts, orgueilleuse et modeste Toute cette excitation passe dans la confection du vêtement dont l'auteur marque chaque étape, de la redingote au pantalon. La mère semble prise d'un véritable délire créatif, elle se sent inspirée et veut confectionner une redingote à la polonaise les italiques indiquant son désir de se conformer à la mode et de briller. De plus, l'auteur insiste sur sa manie de surcharger les vêtements par deux énumérations successives : [ ] ajouter un grain de beauté, une mouche, un pompon, un rien sur le revers, sur le dos, au bout des manches : sa mère a très mauvais goût. [...]
[...] Jules Vallès, L'Enfant, Chapitre 5 : La toilette : la redingote à la polonaise. De La distribution des prix est dans trois jours» à Enlevez l'enfant aux cornichons ! Introduction L'Enfant est le premier tome de la trilogie que Jules Vallès poursuivit avec Le Bachelier et l'Insurgé. Il s'agit d'une autobiographie romancée, l'auteur évoquant ses souvenirs à travers le personnage de Jacques Vingtras. L'Enfant raconte l'enfance de Jacques, fils d'un professeur méprisé et d'une paysanne aux prétentions petites-bourgeoises, qui est souvent battu et humilié dans sa famille. [...]
[...] Un accoutrement Il s'agit plus pour l'enfant (et pour la foule) d'un accoutrement que d'un vêtement, et l'épisode d'une remise des prix solennelle rappelle celui du carnaval : le nom même du vêtement renvoie à l'idée d'un déguisement : Jacques portera une redingote à la polonaise La diversité des images utilisées pour évoquer l'étoffe de la redingote en fait une matière originale, puisqu'elle ressemble à un tigre à une lime et à une casserole ; les boutons sont si étranges qu'ils ne sont de prime abord pas identifiables, ce sont des noyaux verts ovales comme des olives et verts comme des cornichons ; les sous-pieds, eux ont l'air d'instruments pour un pied bot L'enfant semble bien plus déguisé qu'habillé, et c'est par son costume qu'il est désigné lors du tapage : il est devenu l'enfant aux cornichons Le costume est longuement décrit afin que le lecteur puisse en percevoir parfaitement la laideur et le ridicule ; le lecteur est donc tout naturellement invité à s'interroger sur les raisons qui ont pu pousser la mère à habiller son fils de la sorte. Jules Vallès dans ce passage décrit longuement les attitudes de sa mère, et présente indirectement les relations ambivalentes que les personnages entretiennent. II. La mère L'amour maternel Dans ce passage, Jules Vallès insiste beaucoup sur l'affection de sa mère. Dans l'interrogation au style indirect libre, comment habillera-t- elle son fruit, son enfant, son Jacques ? [...]
[...] Il interpelle également le lecteur, avec des adresses directes : Joignez à cela voyez-vous et l'utilisation de présentatifs : voilà un des sous-pieds qui craque Les choix narratifs éloignent le récit de toute vraisemblance, et pourtant, créent une impression de sincérité, car ils permettent de rendre le récit vivant et de faire ressentir le traumatisme de l'enfant et le besoin de distanciation de l'adulte. L'exacerbation des sentiments L'épisode de la redingote à la polonaise est présenté comme un événement traumatisant. L'auteur nomme peu les sentiments ressentis, comme la peur devant les préparatifs. [...]
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