L'Education sentimentale est un texte de Gustave Flaubert qui conte les aventures de Frédéric, un jeune homme plein d'espoirs et de projets qui va perdre ses illusions peu à peu au contact de la réalité. Dans la première partie du roman, Frédéric rencontre Madame Arnoux dont il tombe follement amoureux ; ce sentiment perdure jusqu'à devenir une obsession.
Dans le chapitre 5 de la partie I, la tentative de Frédéric de fréquenter Madame Arnoux échoue ; en effet la jeune femme a quitté Paris et laisse le jeune étudiant dans un désoeuvrement total. Dans ces circonstances, on peut se demander quel est l'enjeu de notre extrait et de quelle manière il montre le désoeuvrement de Frédéric.
Tout d'abord, ce texte fonctionne sur le mode de la description, ensuite l'absence d'actions et d'occupations participe au désoeuvrement du jeune homme, et enfin, l'esthétique du roman est de dire cet ennui, d'exprimer le vide de son existence.
I / Une description.
Notre extrait est constitué de cinq paragraphes, dont le premier sert d'introduction. Il annonce ce vers quoi va porter la description : l'ennui de Frédéric. Pour ce texte descriptif, la vue a donc un rôle important car c'est elle qui conduit la structure du texte. On observe de nombreuses occurrences liées à la vue, par exemple, « Il passait des heures à regarder » ou « Ses yeux ». On remarque la subtilité de l'écriture de l'auteur à travers la phrase « les marchands d'habits, au milieu des rues, interrogeaient de l'oeil chaque fenêtre, inutilement », car il y a un double jeu du regard : Frédéric est en train de regarder des personnes qui regardent. L'ajout en fin de phrase de l'adverbe « inutilement » agit comme une chute : il montre le caractère vain de cette contemplation qui peut rappeler celle de Frédéric (...)
[...] La mise en scène de ce personnage est caricaturale de la part de l'auteur, en effet il apparaît comme un personnage type du jeune bourgeois romantique. Ses excès d'humeur le rendent grotesque, la foule l'étourdissait il se sentait tout écœuré mais le mal-être et la tristesse qu'il éprouve tout au long du passage le rendent surtout pathétique, et il apparaît comme impossible qu'il puisse sortir de cet état de langueur. Ce portrait constitue une ironie de l'auteur pour son personnage et une autocritique pour lui-même. [...]
[...] Cette méditation est caractérisée par la solitude et surtout le silence que l'on retrouve dans son environnement parisien. Par exemple, Les grands murs des collèges, comme allongés par le silence ; cette phrase montre bien la répercussion du silence et du vide sur les bâtiments, qui semblent déformés, allongés rendant le personnage plus petit donc encore plus seul. Cet effet est accentué par l'allitération en de la phrase qui donne littéralement l'impression que le bâtiment s'allonge. De plus, les bruits qui l'entourent sont paisibles comme des battements d'ailes La dualité du personnage de Frédéric entre ses élancements qui lui donnent un côté plus positif, et son désœuvrement peut se traduire dans le paysage par l'alternance des ombres et des lumières. [...]
[...] Le fait simplement de regarder la foule le fatigue. III / Le vide de l'existence de Frédéric. L'enjeu esthétique de l'Education sentimentale est de parvenir à décrire trois mois (dans cet extrait) qui représentent le vide d'une existence où il ne se passe rien. Le temps paraît suspendu, ne pas se découler ; cette sensation est rendue par les nombreuses descriptions et l'inaction de Frédéric. Le temps utilisé est l'imparfait, il implique une habitude, une répétition des actions dans le temps. [...]
[...] Le seul paragraphe qui traite de l'occupation de Frédéric est vain et se trouve noyé dans les nombreuses descriptions qui constituent le vide de son existence. Cette réflexion du personnage sur lui-même, lui apparaît et il préfère la fuir, et errer à travers la ville. Les verbes qui décrivent les actions de Frédéric ont un usage paradoxal car ils décrivent ce qu'il ne fait pas. En effet, il s'arrêtait et il n'allait pas plus loin montrent sa passivité et son refus de passer à l'action. L'ennui de Frédéric passe également par une inaction au cours même de son errance dans les rues de la ville. [...]
[...] Une gradation s'effectue dans la description suivant le fil de la contemplation de Frédéric. Ainsi dans le quatrième paragraphe, il s'intéresse tout d'abord à l'ensemble de l'architecture des collèges pour se concentrer ensuite sur de petits détails comme les journaux demeuraient en ordre la dame ( ) baillait entre ses carafons remplis les linges frissonnaient sous les bouffées du vent Le texte s'organise donc autour d'une description précise de la ville de Paris qui est contemplée à travers la conscience du narrateur. [...]
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