Cet extrait appartient à ce que l'on peut appeler la fin de l'ascension sociale de Gervaise, qui atteindra son apogée dans le chapitre suivant avec notamment "la fête de l'oie". Elle accepte avec indulgence et sans réagir l'alcoolisme de son mari, tandis qu'elle se modifie progressivement : physiquement, elle grossit, et moralement, elle démissionne. Dans ce sombre avenir, une lueur cependant : l'amour que Goujet lui porte. Sous prétexte de rendre visite à son fils Étienne qu'il a pris en apprentissage dans sa forge, elle se rend à l'usine où il travaille. Sa présence provoque un "duel" professionnel, véritable confrontation de savoir-faire entre Goujet et un autre forgeron surnommé Bec-Salé, compagnon de beuverie de Coupeau (...)
[...] Puis, il ne se pressa pas, il prit sa distance, lança le marteau de haut, à grandes volées régulières. Il avait le jeu classique, correct, balancé et souple. Fifine, dans ses deux mains, ne dansait pas un chahut de bastringue les guibolles emportées par dessus les jupes ; elle s'enlevait, retombait en cadence, comme une dame noble, l'air sérieux, conduisant quelque menuet ancien. Les talons de Fifine tapaient la mesure, gravement ; et ils s'enfonçaient dans le fer rouge, sur la tête du boulon, avec une science réfléchie, d'abord écrasant le métal au milieu, puis le modelant par une série de coups d'une précision rythmée. [...]
[...] Ce texte descriptif dresse un portrait : celui d'un ouvrier pétri de qualités, et permet à Zola une véritable célébration du travail manuel. Mais le regard amoureux de Gervaise se superpose à celui du narrateur et accentue encore cette cérémonie. Le tableau naturaliste de la performance de Gueule-d'Or Le romancier naturaliste, pour étudier l'homme aux prises avec son milieu, une maison de verre laissant voir les idées à l'intérieur se montre soucieux de tisser, sur la trame narrative, la peinture d'un cadre fidèle au réel. [...]
[...] Cet extrait appartient à ce que l'on peut appeler la fin de l'ascension sociale de Gervaise, qui atteindra son apogée dans le chapitre suivant avec notamment la fête de l'oie Elle accepte avec indulgence et sans réagir l'alcoolisme de son mari, tandis qu'elle se modifie progressivement : physiquement, elle grossit, et moralement, elle démissionne. Dans ce sombre avenir, une lueur cependant : l'amour que Goujet lui porte. Sous prétexte de rendre visite à son fils Étienne qu'il a pris en apprentissage dans sa forge, elle se rend à l'usine où il travaille. Sa présence provoque un duel professionnel, véritable confrontation de savoir-faire entre Goujet et un autre forgeron surnommé Bec-Salé, compagnon de beuverie de Coupeau. Bec-Salé vient d'achever sa prestation. [...]
[...] la représentation mythique d'un surhomme. Tout dans la personne de Goujet l'impose : la comparaison avec la colonne (un cou pareil à une colonne, ligne la référence au musée et à une anatomie sculptée (des épaules et des bras sculptés, ligne l'évocation de la couleur cutanée qui fait allusion aux statues (blanc comme un cou d'enfant, ligne 15) et celle de sa chevelure et de sa barbe annelée (Ses cheveux courts, frisant sur son front bas, sa belle barbe jaune, aux anneaux tombants, lignes 12-13). [...]
[...] Le lecteur se trouve plongé insensiblement dans une atmosphère fantastique, en contemplation devant un être dont la remarquable habileté impose respect et admiration pour le travail. Par le biais de l'idéalisation par l'amour de la spectatrice et de l'enthousiasme de l'auteur, l'attitude de Goujet se charge de vénération pour côtoyer ensuite le frisson du surnaturel. Il est alors un être entièrement positif, s'opposant à Lantier, incarnation du Mal et autre amour de Gervaise. Un tel extrait montre à lui seul combien les détracteurs du naturalisme ont eu tort en reprochant notamment à Zola de se complaire dans l'échec, la crasse et le sordide. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture