Abandonnée avec ses deux enfants par Lantier, Gervaise est courtisée par un ouvrier zingueur, Coupeau. Non sans réticence, elle finit par accepter de devenir sa femme. Après une cérémonie bâclée à la mairie et à l'église, les invités sont conviés à un petit repas chez Auguste, au Moulin d'Argent. Ensuite, pour passer le temps en attendant le grand repas du soir, tous se rendent à une visite au musée du Louvre. C'est l'occasion pour Zola de souligner le divorce entre le peuple et la culture, mais aussi de prendre la défense de ses amis impressionnistes qui ont été refusés par la critique officielle (...)
[...] La nudité sévère de l'escalier les rendit graves. Un huissier superbe, en gilet rouge, la livrée galonnée d'or, qui semblait les attendre sur le palier, redoubla leur émotion. Ce fut avec un grand respect, marchant le plus doucement possible, qu'ils 5 entrèrent dans la galerie française. Alors, sans s'arrêter, les yeux emplis de l'or des cadres, ils suivirent l'enfilade des petits salons, regardant passer les images, trop nombreuses pour être bien vues. Il aurait fallu une heure devant chacune, si l'on avait voulu comprendre. [...]
[...] Des siècles d'art passaient devant leur ignorance ahurie, la sécheresse fine des primitifs, les splendeurs des Vénitiens, la vie grasse et belle de lumière des Hollandais. Mais ce qui les intéressait le plus, c'étaient encore les copistes, avec leurs chevalets installés parmi 45 le monde, peignant sans gêne ; une vieille dame, montée sur une grande échelle, promenant un pinceau à badigeon dans le ciel tendre d'une immense toile, les frappa d'une façon particulière. Peu à peu, pourtant, le bruit avait dû se répandre qu'une noce visitait le Louvre ; des peintres accouraient, la bouche fendue d'un rire ; des curieux s'asseyaient à l'avance sur des banquettes, pour assister commodément au défilé ; tandis 50 que les gardiens, les lèvres pincées, retenaient des mots d'esprit. [...]
[...] [ ] Émile Zola, L'Assommoir, chapitre III (La visite du Louvre). ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Émile Zola (1840-1902) est un écrivain, journaliste et homme public français, considéré comme le chef de file du naturalisme. Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, grande fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire, qui met en scène la famille des Rougon-Macquart, à travers ses différentes générations et dont chacun des représentants d'une époque et d'une génération particulière fait l'objet d'un roman. [...]
[...] Madinier voulait leur montrer les dorures et les peintures du plafond ; mais ça leur cassait le coup, et ils ne distinguaient rien. Alors, avant d'entrer dans le salon carré, il indiqua une fenêtre du geste, en disant : 20 - Voilà le balcon d'où Charles IX a tiré sur le peuple. Cependant, il surveillait la queue du cortège. D'un geste, il commanda une halte, au milieu du salon carré. Il n'y avait là que des chefs-d'œuvre, murmurait-il à demi- voix, comme dans une église. On fit le tour du salon. [...]
[...] Les tableaux observés par les invités semblent offrir un condensé de la vie de Gervaise, mais paradoxalement, les toiles reprennent de manière inversée le destin de l'héroïne : - le premier tableau, le Radeau de la Méduse (ligne préfigure la fin tragique de Gervaise, véritable naufragée de la vie - puis les Noces de Cana (ligne montrant le vin coulant à profusion par le miracle de la bénédiction du Christ, interpellera justement Gervaise (Gervaise demanda le sujet, ligne 23). Zola souligne alors que le mariage de Gervaise s'oppose au raffinement qui apparaît dans le tableau de Véronèse. [...]
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