L'Assommoir, oeuvre d'Emile Zola, parue en 1877, appartient à l'esthétique naturaliste ; elle fait partie du plus vaste projet des Rougon Macquart. Gervaise, fille du contrebandier Macquart, d'une marchande à la Halle, est montée à paris pour suivre son amant, Auguste Lantier, dont elle a eu deux fils. Lantier finit par l'abandonner, la jeune femme se laisse alors courtiser par un ouvrier zingueur, Coupeau. Il l'invite dans notre extrait à prendre une prune à "L'Assommoir", cabaret du père Colombe où Gervaise et Copeau vont faire la découverte de l'alambic, machine à distiller l'alcool.
Notre extrait se situe au début du roman, au chapitre deux, et constitue une pause descriptive dans la narration. En effet le narrateur hétérodiégétique, c'est-à-dire qui ne fait pas parti de l'histoire, va s'attarder sur la description de la machine à distiller en rapportant le discours et la vision des personnages : ici de Gervaise, de Coupeau et de l'ouvrier ivrogne Mes-bottes (...)
[...] Coupeau fait observer à Gervaise la grandeur de la machine : montrant l'énorme cornue la description est aussi objective de la part de Coupeau quand il parle de l'alcool : un filet limpide d'alcool La description est précise, ainsi la nature du métal des pièces de l'alambic est mentionnée le grand alambic de cuivre rouge A ce stade de la description, l'alambic est vu de manière très mécanique et cela participe à la représentation documentaire de la réalité ouvrière qui nous est peinte ici L'alambic vu par Gervaise La narrateur insiste dès les premières lignes sur l'attention portée à la machine par Gervaise : elle eut la curiosité d'aller regarder La curiosité l'éloigne de la sortie, son regard s'attache à quelque chose situé au fond derrière la barrière de chêne c'est donc bien dire par ces deux compléments circonstanciels la difficulté d'approcher la machine, cela crée une atmosphère mystérieuse. Des la ligne 7 la vision du narrateur va être mêlée à celle de Gervaise. De la curiosité Gervaise passe à la peur et se terminera par un mouvement de recul à la fin de l'extrait par alors Gervaise, prise d'un frisson, recula L'alambic vu par l'ouvrier Zola nous donne le point de vue, cette fois d'un ouvrier, sa vision sur la machine est différente de celle de Gervaise, il brosse un tableau positif de la machine. [...]
[...] Il transpose sur la réalité son imagination personnelle faisant de l'alambic un mythe. Nous y reviendrons. Zola manie avec habilité l'alternance des points de vue, la description est menée du point de vue de plusieurs personnages, ce qui permet de mêler des détails purement documentaires et l'impression produite sur la spectatrice Gervaise. II) L'alambic : une machine monstrueuse 2.1 La personnification de l'alambic Le narrateur enlève la matérialité de l'alambic par un effet d'estompage afin de pouvoir décrire autre chose qu'une simple machine : il utilise une comparaison qui gomme le réel : c'était comme ou des indéfinis c'était comme une besogne de nuit faite en plein jour, par un travailleur morne ( . [...]
[...] Notre extrait se situe au début du roman, au chapitre deux, et constitue une pause descriptive dans la narration. En effet le narrateur hétérodiégétique, c'est-à-dire qui ne fait pas parti de l'histoire, va s'attarder sur la description de la machine à distiller en rapportant le discours et la vision des personnages : ici de Gervaise, de Coupeau et de l'ouvrier ivrogne Mes-bottesMes-bottes. Trois mouvements se dégagent du texte : des lignes 1 à 10 les personnages font la découverte de l'alambic. [...]
[...] Ainsi le lait maternel serait remplacé par l'alcool le vitriol encore chaud Une vision épique et symbolique de l'alambic Dans le dernier mouvement du texte, des lignes 19 à 24, la description de la machine est reprise en charge par le narrateur. L'alambic est sujet de plusieurs verbes : continuait laissait couler envahir se répandre et inonder Le narrateur use ici de toute l'isotopie du déluge faisant de l'alcool un fléau qui envahit Paris. Le filet limpide d'alcool devient sous le regard de Mes-Bottes un petit ruisseau et ici une source on repère donc une gradation hyperbolique, l'alcool se répandant dans le trou immense de paris L'image prémonitoire du trou annonce sans doute la mort prochaine de Gervaise, symbolique de la classe ouvrière minée par l'alcoolisme. [...]
[...] Enfin l'animalité de la machine se fait une dernière fois entendre dans le présentatif c'est bête parallélisme phonique de cette bête En définitive, ce passage est essentiel à l'œuvre puisque le destin des personnages est déjà scellé. Cette rencontre avec l'alambic est profondément signifiante. Au chapitre 10, c'est d'ailleurs au même endroit, à l'Assommoir, que Gervaise cède à la tentation de l'alcool. Ces deux passages montrent bien la chute de Gervaise. Plus qu'un roman réaliste, ce passage montre que Zola était un visionnaire. Il disait d'ailleurs en expliquant le mécanisme de son œil que sa vision hyperbolique et symbolique déforme le réel mais c'est pour mieux le dévoiler. [...]
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