Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, personnage de Suzanne, soliloque, pièce de théâtre, relations entre personnages, retrouvailles, figures de style, champ lexical
Juste la fin du monde, écrite en 1990 par Jean-Luc Lagarce, est une pièce qui a souvent changé de titre. Elle devait au début s'appeler Mes deux dernières années, puis Quelques éclaircies et enfin, Juste la fin du monde. Ces différents titres sont significatifs de l'atmosphère aigre-douce, à la fois tragique et comique de la pièce. Le spectateur sait en effet depuis le prologue que Louis va mourir « l'année d'après » et qu'il revient dans sa famille pour leur dire « sa mort prochaine et irrémédiable », mais seul le spectateur est au courant de cette nouvelle. Après les retrouvailles trop conventionnelles avec toute sa famille dans la scène d'exposition et une première discussion avec Catherine, sa belle-soeur qu'il ne connaît pas, Lagarce fait dialoguer le frère et la soeur. On s'attend à ce qu'enfin, Louis puisse dire qu'il est malade, mais Suzanne ne cesse de parler, lui reprochant son absence et ses trop longs silences. La crise personnelle que traverse Louis est parasitée par la crise tout aussi personnelle que vit Suzanne. Nous assistons impuissants au procès de Louis.
[...] apporte un peu d'humour à ce dernier reproche ? ou au contraire pique supplémentaire ? Dernier tour de passe-passe : Louis aurait fait comprendre à sa famille qu'il avait besoin d'eux et on aurait fait en sorte que tous s'inquiètent pour lui. Suzanne lui reproche de toujours se faire passer pour une victime. Dernière pique : « et nous obliger de nous-mêmes à nous inquiéter de toi » : Louis aime se donner le beau rôle: il est celui pour qui l'on s'inquiète (dimension théâtrale). [...]
[...] « ce n'est pas bien » : vocabulaire axiologique (bien ou mal), jugement moral. Sentence irrévocable du juge ou de Dieu au présent de vérité générale. Procès de Louis qui a commis une faute. Reprend les motifs d'accusation : ce n'est pas bien d'être parti ce n'est pas bien d'être parti si longtemps Puis fait la liste ensuite de toutes les personnes touchées (victimes) par ce départ (crime) : « pour moi », « pour elle » (désigne la mère), « pour eux » (pronoms personnels qui donnent l'impression que tous sont sur scène avec elle et qu'elle les désigne du doigt comme autant de victimes collatérales de ce départ). [...]
[...] Juste la fin du monde, scène 3 - Jean-Luc Lagarce (1990) - Le début du soliloque de Suzanne Lecture linéaire de la scène 3 : le début du soliloque de Suzanne « de Lorsque tu es parti » à « et nous obliger, de nous-mêmes, à nous inquiéter de toi » Introduction : Juste la fin du monde écrite en 1990 par Jean-Luc Lagarce est une pièce qui a souvent changé de titre. Elle devait au début s'appeler Mes deux dernières années, puis Quelques éclaircies et enfin, Juste la fin du monde. [...]
[...] Le théâtre de Lagarce : tragique intime, dérisoire. Suzanne a conscience de la gravité de ce mot comme le souligne l'incise. Gênée elle-même par ce mot. Le modalisateur « tu as dû » x4 + l'accumulation de connecteurs temporels « jamais » « parfois » + hésitations entre les négations totales (si tu ne l'avoues pas) et partielles (jamais) traduisent l'idée que l'aveu est difficile. Ecriture syncopée, retour à la ligne très fréquent, vers très court (deux mots) : émotion de Suzanne. [...]
[...] Ce premier reproche est le premier couplet d'une longue chanson triste dans laquelle finalement, Suzanne va parler d'elle, de son sentiment de solitude mais aussi de son désir de partir. Ce qui était censé être un dialogue entre un frère et une sœur devient en réalité un long soliloque qui dit notre difficulté tragique à communiquer en famille. Ouverture vers l'épilogue : Louis repartira sans n'avoir rien dit à sa famille. vers le film de Xavier Dolan : façon de filmer en très gros plans + jeu de regards, de sourires entre Louis et Suzanne. [...]
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