Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, omniscience, lecture linéaire, mort, pièce de théâtre, soliloque, communication, grammaire
Louis s'est rendu chez sa famille pour annoncer sa mort.
Il est confronté à « la Mère », à sa soeur Suzanne, à son frère Antoine et à la femme de celui-ci, Catherine.
Les deux femmes sont les plus virulentes, elles lui reprochent son absence d'intérêt, sa distance, son silence, son mépris. Quant à Antoine, il tente, maladroitement d'apaiser la situation.
Dans cet extrait de la scène 8, on assiste au début du soliloque de « La Mère ». Elle souligne son omniscience et explique à Louis les raisons du comportement de sa soeur et de son frère.
[...] D'une manière implicite, La Mère suggère aussi à Louis de rester indulgent face à la maladresse de Suzanne et à la brutalité obstinée d'Antoine. La Mère joue le rôle de médiatrice entre ses enfants. Deuxième mouvement : portrait d'Antoine et de Suzanne La Mère sait bien que les retrouvailles ne se feront pas de la manière dont chacun les imagine, car les frères et la sœur « ne se connaissent pas, ou mal » (l. 17-18). L'utilisation du verbe « connaître » à cinq reprises jusqu'à la ligne 26) accompagné de négations indique la raison pour laquelle cette communication est impossible : chacun a construit de Louis absent une image qui n'est plus la bonne. [...]
[...] LECTURE De quelle manière « La mère » évoque-t-elle sa toute-puissance et tente-t-elle d'expliquer le comportement de Suzanne et d'Antoine à l'égard de leur frère ? Projet de lecture : Autoportrait d'une mère omnisciente Portrait d'Antoine et de Suzanne L'implicite tragique Premier mouvement : autoportrait d'une mère omnisciente Il n'y a pas de didascalies qui apportent des précisions sur la situation de la scène, mais l'on peut imaginer que La Mère et Louis sont isolés des autres personnages. Elle prend la parole dès le début, (l.1) entamant son soliloque (Discours d'une personne qui se parle à elle-même ou qui pense tout haut, même en présence d'un interlocuteur) par une prise de position dans une phrase déclarative à la forme négative (totale) : « Cela ne me regarde pas ». [...]
[...] « savoir » (l.8) et la question rhétorique, à la forme interro-négative, au conditionnel présent, « comment est-ce que je ne saurais pas ? » (l.8) permet de confirmer l'image d'une mère omnisciente. L'emploi du verbe « deviner », conjugué au présent du conditionnel, « je pourrais [ . ] deviner » (l. et « je devine - rais » (l. est renforcé par le complément circonstanciel de manière « plus simplement encore » et par l'expression « cela reviendrait au même ». Elle souligne ainsi la fait qu'elle est capable de deviner ce que ses enfants n'ont pas dit. [...]
[...] Elle cherche à expliquer à Louis le comportement de son frère et de sa sœur. À la ligne 32 la conjonction de coordination « car » sert à introduire deux raisons « car ils auront peur du peu de temps que tu leur donnes, / du peu de temps que vous passerez ensemble ». La répétition du GN « du peu de temps » (l.32.33), montre que c'est bien le temps qui manque à Louis à cause de sa maladie. [...]
[...] L'issu des retrouvailles s'annonce donc tragique. La Mère anticipe la disparition de Louis, elle sait qu'il va quitter bientôt les siens. Conclusion Ce soliloque de la Mère permet d'abord de comprendre les ressorts du personnage. Elle se considère comme omnisciente et toute-puissante. Après avoir dressé son autoportrait, elle dresse celui de Suzanne et d'Antoine puis elle explique à Louis la raison majeure qui rendra leur rencontre infructueuse : le manque de temps. La crise familiale est donc inéluctable et laisse présager la tragédie à venir. [...]
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