Etude comparative de deux extraits tirés de "Lambeaux" de Charles Juliet : L'école et l'église.
[...] Bien qu'ils incarnent tous deux le savoir aux yeux de l'enfant, ils ne sont pas dotés du même charisme. L'instituteur Il est présenté à l'aide de caractérisations mélioratives. L'homme est présenté comme un être doux aux yeux bleu pâle, bons et malicieux avec une ample tignasse blanche de longues mèches rebelles Tel un sage, il paraît ineffablement vieux Il présente également une caractérisation morale très positive à travers l'emploi de modalisateurs et de termes à forte connotation : c'est un méditatif uil s'exprime toujours avec lenteur d'une voix basse et grave et sait se montrer toujours attentif Bref, l'instituteur est une personnalité charismatique qui attire l'enfant, il est celui qui diffuse le savoir. [...]
[...] Hélas, à l'opposé de l'instituteur, le curé est incapable de débrouiller les pensées secrètes, les questions qui taraudent l'esprit de la petite fille. La seule chose que le curé laisse entendre est qu'il faut se renier soi-même ce qui est en totale opposition avec ce que semble prôner l'instituteur. Ses paroles au lieu d'être des paroles libératrices sont des paroles d'obligation : c'est pourquoi Charles JULIET répète à deux reprises le verbe modalisateur il faut L'enseignement religieux apparaît bel et bien comme un enseignement d'obligation. [...]
[...] Parlera-t-il aussi peu que le père ? Si Dieu existe, pourquoi permet-il qu'il y ait la solitude, la maladie, la mort ? Est-il possible qu'il se préoccupe à chaque instant de chacun des humains qui peuplent la terre ? Pourquoi tient-il à nous faire renaître après la mort s'il tolère que cette vie ne nous apporte le plus souvent que déceptions, tristesse, amertume ? Et puisqu'il sait ce que son fils a enduré, pourquoi n'a-t-il pas pris des mesures pour faire en sorte que nous n'ayons jamais à souffrir ? [...]
[...] Un jour, bien plus tard, alors que prise de nostalgie, tu revivais les heures avides et enchantées que tu avais connues là, dans cette petite salle de classe, à littéralement boire ses paroles, tu oses t'avouer que tu avais fini par le considérer comme un père. Un père que tu as aimé ainsi qu'on aime à cet âge, d'un amour entier, violent, absolu. La veille des vacances, tu quittais l'école en pleurant, moquée de tes camarades. Charles JULIET, Lambeaux (pages 16-17) Extrait 2 : l'église Devant la cheminée, jambes offertes au feu qui flambe, tu lis les Psaumes lorsqu'une irrésistible impulsion te saisit et te pousse à te rendre à l'église, moins assister à la messe que pour écouter le sermon. [...]
[...] Les deux passages présentent deux lieux clos très importants dans la structure communautaire du village : l'école et l'église. Dans chacun de ces lieux officie un représentant bien particulier : d'un côté l'instituteur, de l'autre le curé. Représentants des institutions, on peut admettre qu'à l'inverse des paysans, hommes rudes à l'éducation rudimentaire, ils sont les seuls représentants d'un savoir ; savoir auquel semble aspirer la petite fille et qui pourrait la guider vers une forme de liberté qu'elle ne trouve pas auprès des siens. [...]
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