Roman épistolaire, sentimental, philosophique, Julie ou La Nouvelle Héloïse se trouve à la croisée des genres. Rousseau marque avec ce livre une étape cruciale dans l'histoire de la littérature européenne, comme en témoigne le succès commercial immédiat et sans précédent. C'est ce qui fera dire à Goethe qu'« avec Rousseau, c'est un monde nouveau qui commence ». Cette mutation s'opère pourtant par le choix d'écrire un roman dans une perspective archaïsante dès son titre, mais ce succès tient moins à la vertu sublimée de l'héroïne qu'à la synthèse romanesque qui y est opérée, par la polyphonie des personnages, des styles et des sentiments, qui font de la prose rousseauiste une œuvre poétique.
Les deux héros Julie et Saint-Preux s'aiment d'un amour impossible, elle étant noble et lui roturier. Partageant d'abord un amour chaste, ils se rapprochent jusqu'à devenir amants, mais le sentiment de culpabilité ressenti par la jeune fille l'oblige à faire éloigner Saint-Preux de Clarens à la fin de la première partie. Les lettres XIII à XVII de la seconde partie mettent en parallèle la société parisienne corrompue décrite par Saint-Preux et la société idéale de Clarens dans laquelle Claire, amie de Julie, s'apprête à se marier. Julie annonce à la lettre XX à son amant qu'il va recevoir une « amulette » qui permet de « communiquer à l'un l'impression des baisers de l'autre à plus de cent lieues de là. »
[...] Elle possède d'ailleurs de divins attraits et Saint-Preux est un idolâtre amant L'image du feu de la passion qui brûle les amants peut être rattachée au supplice que les pécheurs et les hérétiques subissaient : le bûcher. En effet, juste après cette image poétique, Saint-Preux s'écrie : Ciel ! (l.39), comme une confession, un rappel de Dieu et de la vertu. Enfin, le vœu final adressé à la personne qui vient : Puisse-t-il ne jamais aimer est une prière qui montre un Saint-Preux malsain, et qui va à l'encontre du principe religieux : «Aimez-vous les uns les autres. [...]
[...] Julie ou La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau : Lettre II, XXII, de J'arrive enfin, je vole à la fin Roman épistolaire, sentimental, philosophique, Julie ou La Nouvelle Héloïse se trouve à la croisée des genres. Rousseau marque avec ce livre une étape cruciale dans l'histoire de la littérature européenne, comme en témoigne le succès commercial immédiat et sans précédent. C'est ce qui fera dire à Goethe qu' avec Rousseau, c'est un monde nouveau qui commence. Cette mutation s'opère pourtant par le choix d'écrire un roman dans une perspective archaïsante dès son titre, mais ce succès tient moins à la vertu sublimée de l'héroïne qu'à la synthèse romanesque qui y est opérée, par la polyphonie des personnages, des styles et des sentiments, qui font de la prose rousseauiste une œuvre poétique. [...]
[...] la mention de mes yeux (l.10) et de mes avides regards (l.26) ou encore avec un jeu entre voir et revoir, à nouveau dans une même phrase, mais cette fois sous deux formes différentes : Je crois, en le voyant, te revoir encore. (l.18). Cette juxtaposition sert à exprimer l'importance du regard mais dans une langue variée et poétique, et mettant en parallèle le passé et le présent. Cependant, cette importance du regard ne sert pas seulement à montrer la subjectivité de Saint-Preux et le fait qu'il soit épris et transporté devant le portrait, mais sert aussi à une réflexion sur la représentation du monde, en supposant que ce portrait peut être trompeur. [...]
[...] Ce que veut montrer tout ce jeu sur la temporalité, c'est précisément la passion en action : au moment où j'écris cette lettre, au moment où ton portrait reçoit tout ce que ton idolâtre amant adresse à ta personne. Cette phrase abolit la distance entre la vie et l'écriture, comme nous l'avons déjà dit, mais montre la passion en action par sa forme même. C'est effectivement une longue phrase sans interruption, construite sur des juxtapositions, et avec cette reprise du moment qui crée une accélération pour décrire paradoxalement un temps figé, éternel. [...]
[...] Dans la perspective philosophique de Rousseau on peut noter sa formule : L'homme naît bon, la société le corrompt. Le monde parisien en effet n'est qu'apparence et débauche, ne se souciant guère de ce que sont ou doivent être les hommes par nature. La pureté et la spontanéité des sentiments exprimés par Saint-Preux s'opposent ainsi à la vanité et à la fausseté de la société des grandes villes, ici Paris. C'est donc toute une contradiction en l'homme qui est mise en scène ici, dans une opposition entre passion et raison. [...]
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