Julie ou La Nouvelle Héloïse, Jean-Jacques Rousseau 1761, conatus, imagination humaine, accomplissement d'un désir, limitations de la réalité, illusions, Spinoza, mystification, commentaire de texte
Le texte qui nous est présenté approfondit les thèmes du désir, du bonheur et de l'imagination. En effet, dans cet extrait de l'oeuvre "Julie ou La Nouvelle Héloïse", Rousseau répond à une problématique : le bonheur consiste-t-il à l'assouvissement du désir ? Et est-ce que l'imagination provenant du désir n'est pas plus satisfaisante que la jouissance que procure son accomplissement ?
L'auteur affirme que le bonheur réside dans le fait de désirer et non pas dans la finalité. L'Homme ayant des désirs illimités trouve son bonheur dans le domaine de l'imaginaire, alors qu'il se trouve dans une réalité limitée, dont il sera souvent déçu.
[...] Premièrement, on pense souvent que le désir est manque. Dans le Banquet, le fameux dialogue de Platon, celui ci développe que les mortels recherchent ce qu'ils n'ont pas, ce qui leur manque pour être complet. Il prend l'exemple du Mythe des androgynes primordiaux raconté par Aristophane. Or, Rousseau avec les mots "il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède", nous fait entendre que le désir est ce qui nous emplit, comme si désirer était la seule chose que nous possédions. [...]
[...] Le désir enchante la vie mais il va de pair avec le désenchantement, et mène des fois à des cas difficiles à gérer. C'est le cas des toxicomanes, s'ils sont autant accro à leur dose, c'est d'une part à cause de la dépendance physique, mais également parce qu'il n'arrive plus à jouir des plaisirs réels. La réalité est trop dure à confronter, alors ils se refugient dans les hallucinations. Il faut donc, pour conclure, souligner les paradoxes de cette apologie du désir, qui désigne le désir comme un don divin, alors qu'elle s'apparente davantage à un piège. [...]
[...] Il exprime ici la perfection introuvable dans la réalité. Mais l'on peut justement voir le problème à l'inverse, et se demander si la beauté n'est pas dans les imperfections. Et par conséquent, si le bonheur n'est pas caché dans l'acceptation de ce qui est. Et d'ailleurs, Spinoza invitait à limiter de désir aux choses dont la réalisation est à notre portée : hors de quoi, le désir entraînera toujours la frustration et la souffrance. L'homme est ainsi fait qu'il veut toujours plus, qu'il ne se satisfait jamais de ce qu'il a. [...]
[...] Or bien qu'il sache si bien définir ce drame humain, à savoir le fossé entre le désir et les possibilités moindres de le réaliser, Rousseau avance que le désir n'est pas le problème, il est la solution. Il précise que pour consoler l'Homme de ce désespoir, les dieux lui ont offert une "force consolante", qui n'est que l'imagination. Cette force, provenant des dieux, est une manière de dire qu'elle est entièrement positive, qu'elle ne peut être que bénéfique. Il précise ensuite que le désir est modifiable. modifie au gré de sa passion"). [...]
[...] Cette mise en garde est quelque peu déconcertante car elle est paradoxale. Comme nous l'affirme le philosophe néerlandais Spinoza, le désir est l'essence de l'Homme. Effectivement, l'essence de l'Homme réside dans un type de désir qu'il nomme « conatus ». Le conatus, c'est l'effort que fait tout organisme pour persévérer dans son être. Cette envie de vivre, ne se limite pas, pour Spinoza, à un simple élément réalisation de besoins fondamentaux nécessaire à la vie (comme se nourrir, se reproduire), le conatus, l'effort pour vivre, est aussi un élan vital, une force motrice, une puissance de vie, une énergie intérieure qui pousse les organismes vivant à agir et à se battre. [...]
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