Le texte extrait du chapitre IV retrace les événements d'une conférence qui s'est déroulée le 15 janvier 1865 au Casino - cadet, une salle de théâtre louée par le Grand Orient, et dans laquelle devait avoir lieu une lecture d'Hernani, en hommage à Victor Hugo sous l'impulsion d'un acteur du nom de Beauvallet. La clôture est assurée par Jacques Vingtras qui devait a priori présenter une lecture sur Honoré de Balzac et son œuvre ; l'enchaînement des événements va entraîner une situation inattendue.
Abandonnant son programme initial, Vingtras se lance dans une improvisation exceptionnelle à travers sa parole libérée de toute contrainte se meut un acte de parole pamphlétaire. Celle-ci sera non seulement l'expression d'une dénonciation d'une société entièrement compromise, mais elle sera le témoin d'un éveil insurrectionnel pour une guerre rhétorique contre un auditoire acquis à la cause classique.
[...] J'oublie Balzac mort pour parler des vivants, j'oublie même d'insulter l'Empire, et j'agite, devant ces bourgeois, non point seulement le drapeau rouge, mais aussi le drapeau noir Le choix de son habit lors de la représentation n'est pas anodin : Si les spectateurs s'habillent de manière à souligner leurs statuts sociaux respectifs, Jacques Vingtras prend l'habit qui nous rappelle celui du deuil. Depuis le début de l'extrait, Vingtras a tenu à nous signaler qu'il perdait le contrôle de sa parole et de son discours les mots sortent tous seuls, portés, par ma voix forte jusqu'au fond de la salle. dira-t-il. Une scission identitaire s'opère entre Vingtras et cette parole. [...]
[...] Cette image est en elle-même une synthèse adéquate à cet extrait : en choisissant le thème de la guerre, Vingtras souligne clairement ses intentions belliqueuses, ses aspirations destructrices. Le tapin est ce petit soldat d'ordre inférieur qui, d'ordinaire, a pour fonction de donner l'alarme à la garnison en cas de danger imminent. L'idée de cette alerte sonore revient à plusieurs reprises dans la métaphore sous des formes variées. On la retrouve dans les expressions battre la générale tambouriner la diane Or notre tapin ne se contente plus de sonner l'alarme, il opte pour la désertion de l'armée des formes et de la discipline, il abandonne son poste fuyant le siège renie son grade, jette son uniforme, et fait preuve d'irrévérence envers supérieurs. [...]
[...] Le regard que porte Vingtras envers son auditoire est profondément critique. La satire qu'il adresse à ce monde tellement hétéroclite n'a de dessein que de traduire le dédain qu'il éprouve pour elle et pour ses principes sclérosés. Ce mépris caustique se manifeste de bien des manières : la conférence à laquelle il assiste est tout simplement assimilée à un cirque, espace de chahut et de désordre, où il tiendrait le rôle de clown ou de singe Cantonné à un rôle de second plan, il serait là pour occuper la scène pendant que les spectateurs quittent la salle. [...]
[...] Jules Vallès, "Jacques Vingtras" in "L'Insurgé" chapitre IV I. Présentation du texte Le texte extrait du chapitre IV retrace les événements d'une conférence qui s'est déroulé le 15 janvier 1865au Casino - cadet, une salle de théâtre louée par le Grand Orient, et dans laquelle devait avoir lieu une lecture d'Hernani, en hommage à Victor Hugo sous l'impulsion d'un acteur du nom de Beauvallet. La clôture est assurée par Jacques Vingtras qui devait à priori présenter une lecture sur Honoré de Balzac et son œuvre car l'enchaînement des événements va entraîner une situation inattendue. [...]
[...] Les intentions de Vingtras sont subtiles et déroutantes. Il fait montre de sa culture classique, déploie l'étendue de ses connaissances en la matière. Il entre dans la logique de son auditoire, il s'approprie sa culture et subitement il la retourne contre ses défenseurs. Du Pantagruel de Rabelais et du Mariage de Figaro, il n'en retient que l'insulte adressée aux spectateurs : bridoison signifie naïf, sot, idiot. De sa connaissance étendue du latin, il les éclabousse, conférant à la langue une concrétude basse et avilissante, ses phrases aux tournures hellénistiques deviennent des armes acérées prêtes à transpercer les esprits asthéniques pétris de classicisme. [...]
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