Alors que Supervielle évoque dans ce poème un fait historique marquant, il n'attaque jamais directement sa cible. Il ne désigne pas l'armée allemande comme la menace qui pèse sur Paris. Il recourt au contraire à des formulations vagues. L'utilisation de la métonymie et du pluriel ("des yeux ennemis", "De nouvelles oreilles", "de têtes / D'un pays étranger") suggère un danger insaisissable, dont la présence envahit tout sans que l'on puisse lui résister efficacement (...)
[...] Discrètement, il affirme au contraire la nécessité de renoncer à la grandeur passé, d'abandonner la merveille poétique au silence. Conclusion Paris poème de Jules Supervielle, peut surprendre le lecteur. Ce poème, extrait du recueil Poèmes de la France malheureuse, ne recourt ni au registre pathétique, ni au registre polémique. C'est au contraire avec sobriété qu'il évoque le danger qui pèse sur Paris, ouverte aux Allemands, désormais ville prisonnière, dont les richesses sont menacées. Pourtant, audelà de cette retenue, le poète refuse toute compromission : il faut mourir plutôt que se soumettre. [...]
[...] Celui-ci s'inscrit à la fois dans l'espace du haut d'un puits et dans le temps jour et nuit La surveillance était déjà suggérée dans la strophe précédente grâce aux verbes de 4 perception regardée et Ecoutent Ainsi, Paris, en s'ouvrant à l'ennemi, s'est livrée prisonnière UNE PAROLE MENACEE Le danger qui rode est tel que la parole elle-même semble menacée : le temps n'est plus aux grandes phrases. La parole s'amenuise, proche du dernier souffle. On peut tout d'abord noter l'emploi d'hexasyllabes (vers de six syllabes) très brefs. De plus, les règles de la grammaire semblent parfois incompatibles avec l'urgence d'une parole qui s'effrite. Ainsi la double négation disparaît de la quatrième strophe Tous les siècles français . [...]
[...] - Les rimes : elles sont constituées par la répétition d'un même son en fin de vers. Elles peuvent être plates (AABB), embrassées (ABBA) ou croisées (ABAB). - La strophe : elle est composée par un groupement de vers, formant une unité thématique et syntaxique. Une strophe de deux vers est un distique, de trois vers un tercet, de quatre vers un quatrain, de cinq vers un quintil. Vous pouvez ensuite vous intéresser aux procédés propres à ce poème. Soyez très attentif aux sonorités. [...]
[...] Le poète, prenant ses distances avec une tradition romantique, élude également une évocation sensuelle du paysage meurtri : le vocabulaire des sensations est en effet très rare, contrairement à ce que l'on pourrait attendre d'un paysage état d'âme. Cette retenue évoque une merveille de la poésie française qui refuserait de rester pareille 5 en ces temps sombres. De même, alors que les quatre premières strophes forment chacune une unité de sens, les deux dernières sont unies par un enjambement de la cinquième sur la sixième strophe. [...]
[...] ] Vont-ils pas nous quitter / Dans leur grande colère ? Enfin, on entend des allitérations en à plusieurs reprises dans le poème, et notamment dans la dernière strophe, suggérant un râle d'agonie quelque merveille / Qui préfère mourir / Pour ne pas nous trahir»). Ainsi, proche de l'épuisement, la parole, loin d'être ample et fluide, semble elle aussi lutter contre un danger inconnu. Ainsi, le poète lui-même, malgré son éloignement, et la parole poétique sont atteints par la guerre et l'invasion allemande, péril aussi dangereux que fuyant, qui exerce sa force dans l'ombre. [...]
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