Une journée d’Ivan Denissovitch, Soljenitsyne, Goulag, traitres à l’Union Soviétique, trahison de La Patrie, camp de travaux forcés
Ivan Denissovitch, Ivan Dénissytch ou encore choukhov, voici les différents noms par lesquels le héros de cette journée est appelé. Ivan est prisonnier d'un camp de travaux forcés, que l'on pourrait assimiler à un Goulag, ce qui n'est pas explicitement dit dans le texte. Cela fait huit ans qu'il est enfermé et il lui reste plusieurs années à faire. Il y a en tout 463 prisonniers dans ce camp. « D'après son dossier, Choukhov est au camp pour trahison de La Patrie. Il a fait tous les aveux qu'il fallait : il s'est rendu aux Allemands parce qu'il avait envie de trahir l'Union Soviétique, et il s'est, soi-disant, évadé parce qu'il avait reçu une mission des services de renseignements de l'ennemi. Quelle mission ? Choukhov n'était pas futé pour en trouver une. Ni non plus l'officier du contre-espionnage. Alors c'était comme ça : « Une mission ». » (JID, 87). Juste après, le narrateur explique qu'Ivan s'est fait faire prisonnier par les Allemands, puis après s'être enfuis, vu mourir leurs partenaires, ils se sont retrouvés à deux, ne pouvant expliquer leur véritable histoire, se sont fait emprisonner pour trahison.
[...] La durée des peines est arbitraire. Avant 1949, le tarif était de dix ans puis s'est transformé en vingt-cinq ans. Il n'y a pas de justice derrière ces emprisonnements, il s'agit seulement de se débarrasser des traitres à l'Union Soviétique. Le récit de cette journée ouvre les yeux sur le quotidien de ces prisonniers, sur la banalité d'une journée en plus parmi des années d'enfermement, À cinq heures du matin, comme tous les matins, on sonna le réveil : à coups de marteau contre le rail devant la baraque de l'administration. [...]
[...] C'est notre manque de culture qui ici nous fait penser que ces mots sont rares et renvoient à des choses inconnues. La rareté de l'usage quotidien ou même littéraire pour nous de ces mots est à questionner. Elle est caractérisée en partie donc par notre inculture, mais aussi par la qualité de ces mots à être vieux et inusités, enfin par le simple fait que le contexte d'utilisation de ces mots ne nous est pas familier, que ces mots ne nous seraient pas utiles dans notre monde. [...]
[...] Doit-on se demander qui est premier du narrateur ou des personnages ? Dans la mesure où sa place, comme nous l'avons montré plus tôt, est floue (possible personnage invisible, narrateur omniscient qui se mêle aux personnages), il est possible de penser qu'il n'y a qu'un système qui englobe les personnages et le narrateur, qu'ils participent d'un même monde, d'une même écriture. Tout est sous le contrôle de l'écrivain. Tout cela nous mène maintenant à penser que la langue parlée est la langue du narrateur et celle des personnages, que cela crée entre le narrateur et les personnages une connivence, comme s'il était là, comme s'il avait été là. [...]
[...] c'est à cause que renvoie à un langage familier, pouvant être remplacé par c'est parce que Ils vont rassembler l'autre section dans la nôtre, mais c'est pas grand malheur pour nous. (JID, 188). Ici, mais c'est pas grand malheur renvoie à un français petit nègre. La négation est partiellement absente ce n'est pas et l'article indéfini est absent, mais ce n'est pas un grand malheur. La langue parlée est donc une modification d'un état supposé neutre de la langue, d'une façon normale d'écrire selon les règles de grammaire. C'est le non-respect de ces dernières qui permet de créer la langue dite familière, populaire ou parlée. [...]
[...] Il raconte son histoire, revient sur un fait passé. L'action s'écoule toujours dans le temps, tandis que le dialogue, selon son contenu, peut faire voyager dans le temps ou le remplir. Ainsi, le dialogue, même s'il s'écoule dans le présent et le comble comme une action le ferait, a cela de particulier que son contenu peut faire voyager dans le temps. Mais le discours qui s'échappe du présent peut aussi être tenu par le narrateur : L'hiver d'avant, il n'y avait pas de séchoir dans ce camp, et les chaussures, de nuit, restaient dans la baraque, de sorte que, pour les contre-appels, même quand il y en avait trois de suite, on vous reflanquait à la rue. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture