Sciences humaines et arts, Journal du voleur, Jean Genet, mythe personnel, genèse, errance physique, errance intérieure, voyage intérieur, voyage extérieur, marginalité
L'extrait porté à notre étude présente différentes voix : si la figure du narrateur est le double de celle de Genet, certaines répliques sont proférées par Stilitano, son ancien amant. Ce dialogue déconstruit, qui mêle paroles de Stilitano et réflexions de Genet lui-même, s'insère dans le cadre d'un voyage intérieur faisant écho à un voyage extérieur, matériel. Au cours de ce voyage, Genet tente de se construire une identité, caractérisée par sa marginalité et son éthique originale.
Nous verrons comment l'écriture de Genet lui permet d'affirmer son identité.
Les errances physiques du narrateur donnent lieu à des errances intérieures. Elles lui permettent d'établir un mythe personnel, sa propre genèse. Enfin, cette introspection donne à voir le renversement des valeurs opéré par Genet et son écriture.
[...] Dans cette phrase le bagne apparaît comme une sorte de récompense. Enfin, Genet attribue à Stilitano qualités et gestes virils . Même si le narrateur commence à l'oublier, il reste un point brillant d'une pureté lumineuse . Le terme de pureté s'oppose au meurtre que Stilitano avoue avoir commis. Enfin, cette valorisation des qualités du voleur (marginalité, insensibilité) révèle l'éthique de l'auteur. Comme le montre la dernière phrase du texte, ainsi que le récit de la nativité , le voleur est érigé en figure christique. [...]
[...] Journal du voleur - Jean Genet (1949) - Comment l'écriture de Genet lui permet-elle d'affirmer son identité ? J'admire en lui un fabuliste. Il fait parler les animaux. Je veux dire les hommes qui n'ont pas de langage, dont les sentiments sont trop complexes pour qu'ils puissent les exprimer affirme Cocteau à propos de Jean Genet dans Entretiens autour du cinématographe . Cette citation souligne la capacité de l'auteur du Journal du voleur à donner une voix à ceux qui n'en ont pas : les voleurs, les mendiants et autres marginaux en particulier. [...]
[...] Si le narrateur se rend compte de la gravité de son acte, il affirme qu'elle lui donne quelque conscience . C'est donc par le vol que le sujet peut affirmer son identité. Ainsi, ce texte présente un voyage extérieur de Genet couplé d'un voyage intérieur. Genet tente d'établir sa propre genèse ; à travers ce mythe personnel, le Je naît, affirme son identité, et son éthique. C'est par le vol que l'être se réalise, et c'est même par le vol qu'il peut rechercher la sanctification. [...]
[...] Il les personnifie, leur attribue une intelligence rigide, sèche et méchante . La personnification des rocs va de pair avec la minéralisation du narrateur. En effet, Genet se rêve en roc, veut être un roc parmi les autres , pour mieux tenir tête aux vents, aux pluies, aux coups . Le règne minéral est caractérisé en opposition au règne du vivant : Genet glorifie ces substances non pensantes, solides, fortes. Il se sert de ces figures pour illustrer son idéal, pour souligner ce qu'il voudrait être. [...]
[...] Les autres noms de lieux brouillent les pistes, et ne sont que des noms que le narrateur visite en pensée. Le renversement des valeurs Enfin, le texte procède à un renversement des valeurs. D'abord, l'extrait présente une mise en valeur des valeurs du voleur. La personnification des rocs par Genet les érige en sorte de modèle. Par antanaclase, l'auteur joue avec le sens du mot roc : il fait référence au roc réel, matériel, mais également à sa symbolique : en effet, le roc est symbole de fermeté et d'insensibilité. Genet admire cette solidité, et l'envie. [...]
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