Commentaire type du poème Joal extrait du recueil Chants d'ombres de Léopold Sédar Senghor.
[...] On y retrouve la vue avec les couleurs mais aussi l'odeur du «sang des troupeaux égorgés», l'ouïe «les chœurs», «les voix», et le toucher avec danse finale des jeunes hommes». Le monde africain n'est cependant pas sublimé tel un paradis terrestre, hors de portée du mal créé par la civilisation occidentale. Rien n'est édulcoré, même la violence de certains rites «les festins funèbres fumant du sang des troupeaux égorgés». Le poète se rappelle tous les aspects de son Sénégal natal, sans tabou. Au contraire, la fin du poème qui marque un retour au présent met fin au regret pour révéler l'ennui, la morosité des «jours d'Europe». [...]
[...] la danse finale des jeunes hommes, buste Penché élancé, et le pur cri d'amour des femmes- Kor Siga! Je me rappelle, je me rappelle . Ma tête rythmant Quelle marche lasse le long des jours d'Europe où parfois Apparaît un jazz orphelin qui sanglote, sanglote, sanglote. Joal,Chants d'ombres. Introduction: Dans extrait du recueil Chants d'ombres, Léopold Sédar Senghor partage les souvenirs de son Sénégal natal, par le biais de l'écriture poétique. Il présente ainsi la dualité qui le caractérise en tant qu'Africain ayant fait ses études en Europe, où il intègrera l'Académie Française. [...]
[...] En effet, Senghor fait preuve d'audace en substituant au lexique français des termes propres à sa terre natale. Ainsi il appelle les métisses les «signares», il cite un roi mort «Koumba N'Dofène», il fait référence aux sorciers les «griots», ou encore cite le cri des femmes africaines «Kor Siga». Bien plus que de donner de l'exotisme au texte, cet aspect superficiel se voit vite remplacé par une volonté de confronter deux mondes distincts, de mettre à l'écrit le conflit qui les opposent. [...]
[...] Malgré le refus du vers, l'abondance d'images empreintes de subjectivité participe à cet élan poétique. Senghor décrit ainsi les yeux des signares comme étant «surréels comme un clair de lune sur la grève». Il personnifie le «Couchant» grâce à la mise en valeur typographique de la majuscule, et comme nous l'avons dit du champ lexical des couleurs et des sens. C'est donc par les outils que le lecteur français à l'habitude de retrouver dans la création poétique que Senghor exprime son intériorité. [...]
[...] Commentaire de texte: Joal, Léopold Sédar Senghor Joal! Je me rappelle. Je me rappelle les signares à l'ombre verte des vérandas. Les signares aux yeux surréels comme un clair de lune sur la grève. Je me rappelle les fastes du Couchant. Où Koumba N'Dofène voulait faire tailler son manteau royal. Je me rappelle les festins funèbres fumant du sang des troupeaux égorgés. Du bruit des querelles, des rhapsodies des griots. Je me rappelle les voix paiennes rythmant le Tantum Ergo. [...]
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