Dans cet extrait, le lecteur se retrouve face à un prologue censé expliquer la situation de manière claire et intelligible pour lui permettre d'entrer le plus facilement possible au sein de l'intrigue.
Le problème entrant en jeu ici est que tout est flou, Adam semble déterminé dans son choix d'échapper à la ville d'Arras qui l'angoisse, mais on descelle de la folie dans ses propos lorsqu'il procède par images et allusions. Adam apparait seul malgré le fait qu'il soit entouré, il se sent menacé par le fait qu'il soit plus intelligent que la plupart des Arrageois mais d'un autre coté il y est toujours.
Les autres personnages quant à eux ne sont pas non plus très clairs, on ne sait pas ce qu'ils pensent réellement d'Adam, le considèrent-ils comme un ami?
[...] Le lecteur lui-même doute de la folie d'Adam, qui, comme nous l'avons vu précédemment joue plusieurs rôles (auteur et personnages de la pièce) et apparait d'emblée inquiétant. On comprend que prendre congé est une tentative de libération d'une ville, mais aussi de lui même qui est en proie à la maladie physique, morale et intellectuelle et qui échoue. Il pense qu'en quittant Arras il va pouvoir apprendre, étudier et redevenir ainsi un intellectuel enviable largement supérieur à ces arrageois médiocres, idée qui apparait insensée, folle, car comment est-il possible qu'il ait pu perdre sa grandeur originelle? [...]
[...] La nouvelle annoncée par Adam se fait sous la forme d'une mise en scène et le lecteur n'est pas dupe de ce prétendu aveu. D'ailleurs leurs répliques glissent et s'enchainent de manière musicale, les rimes se répondent de vers en vers. En effet, par exemple, Riquier finit le vers 15 par "abusions" et Adam au vers suivant termine par le mot "amions", Riquier, au vers 23 termine par "dist", Adam, au vers suivant finit par "de pist". L'usage de l'octosyllabe en rimes plates est une forme ambiguë pour une conversation. [...]
[...] La prétendue folie antérieure d'Adam semble en réalité se poursuivre, le lecteur est partagé entre deux points de vue opposés et se trouve mis en haleine, attendant la suite pour juger de la vérité de cette folie. [...]
[...] C'est sans doute pour sortir de la monotonie de la ville de laquelle il s'est lassé, prisonnier de ses habitudes et dans laquelle il pense ne plus pouvoir évoluer s'enrichir intellectuellement. Mais, n'est-il pas né à Arras? Ne peut-on pas l'assimiler aux autres arrageois qu'il critique? De plus, le fait de vouloir partir évoque d'emblée la folie. En effet toute folie commence par une sécession, par une séparation d'avec les autres. Enfin on peut se poser la question : Est-il possible réellement d'échapper à Arras? La seule issue ici serait Paris, mais est-il parti pour Paris finalement? H. [...]
[...] Il s'agira de se demander dans quelle mesure ce passage du Jeu de la feuillée d'Adam de la Halle est-il ambigu. Nous verrons dans une première partie la difficulté que nous avons à cerner les personnages, leur relation et le but de leur conversation, dans une deuxième partie nous nous intéresserons davantage au langage polysémique qu'ils utilisent et qui renforce le caractère ambigu de la scène. Enfin, dans une troisième partie, nous tâcherons d'évaluer le degré de folie qui réside dans cette scène. [...]
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