Le jeu de l'amour et du hasard, Marivaux, personnage de Silvia, maîtrise du jeu, lassitude du jeu
Situation du texte : Mr. Orgon et Mario ont surpris Dorante aux pieds de Silvie, qui semble victime d'un jeu dont elle fût l'instigatrice. Les deux hommes, avec un mélange d'amusement et de cruauté vont exploiter son embarras.
Silvia est dans la position du dupeur dupé; elle exprime sa lassitude du jeu. Des allusions et les moqueries de son père et son frère réunis ne manquent pas de cruauté.
Cette scène 11 est à la fois comique et cruelle et capitale sur le plan psychologique, puisque l'épreuve que Orgon inflige à Silvia, est destiné à lui permettre de voir plus clair, en lui faisant constater des sentiments qu'elle n'osait pas encore s'avouer.
[...] Comme tu t'emportes (l.29). Silvia reprend ces mêmes mots aux pluriels : On dit que j'ai des emportements, des fureurs dont on est surprise (l.73 et 74). Silvia va même à utiliser toute une scénographie judiciaire ; elle apparaît comme une avocate qui défend un valet : équitable (l.71), qu'on ne nuise à personne (l.71), sauver un domestique du tort (l.72), mon parti (l.76), qu'on me défende (l.78), de quoi m'accuse-t-on ? Instruisez-moi (l.80). Enfin, elle rabaisse encore Bourguignon par le terme domestique : Je veux sauver un domestique (l.72), pour dissimuler les soupçons. [...]
[...] (l.77 à De quoi m'accuse-t-on ? Instruisez-moi, je vous en conjure (l.79 et Eh, qu'on s'explique, que veut-on dire ? On accuse ce valet et on a tort ( ) car je suis outrée (l.86 à 89). Le on pour désigner son frère et son père traduit bien la distance qu'elle souhaite marquer par rapport à leurs accusations. Ces phrases interrogatives n'attendent pas de réponses, elle se présente comme une victime des injustices de sa famille, et refuse d'entrer davantage dans leurs discussions. [...]
[...] Et ou serait le motif de mon embarras ; Mais pour la mienne, il n'y a que l'étonnement de ce que vous dites ; Qui ? le domestique de Dorante ; Le galant Bourguignon» (15). Silvia passe d'un dialogue galant à la scène 10, à un dialogue avec elle-même (scène 11) car Orgon et Mario ne font que lui faire remarquer son état. L'unité de lieu étant respectée entre Scène 10 et scène 11, cela provoque un effet de loupe sur Silvia. Son amour combat son amour propre pour Bourguignon : »Que vos discours sont désobligeants ! [...]
[...] Le dialogue expose les étapes, qui mènent progressivement Silvia à prendre conscience de ses sentiments, et même à défendre Bourguignon. Orgon est donc parvenu à ses fins : Silvia est passée d'une perception confuse, à une véritable prise de conscience. [...]
[...] Pour ce faire, d'une part, elle rejette systématiquement les propos de ses interlocuteurs : Il n'y a que de l'étonnement dans ce que vous dites je ne savais pas l'épithète, ne me parle pas de lui (l.15 et Ce n'est pas la peine, mon père (l.20), je vous dis qu'on ne me l'a point donnée (l.40). D'autre part, elle ne répond à leurs questions que par des reprises interrogatives, sous-entendant ainsi, qu'elle n'a aucun motif à être embarrassée par leurs questions : Qui ? Le domestique de Dorante ? (l.13), Et qui est donc ce quelqu'un qui vous y a aidé (l.26). [...]
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